Après près de 20 jours de mer au départ des Galápagos, les voiliers participant Grand Large Yachting World Odyssey 500 ont gagné les Marquises. Catamarans construits en polyester ou monocoques à dérive intégrale construits en aluminium ont fait halte dans cet archipel, l’une des escales les plus attendues.

Côté dériveurs intégraux en aluminium, les Allures 40.9 Chamagui 2, Allures 44 Chap’s, 45.9 Loly ou encore 51.9 Fou de Bassan, ont visité les Marquises, après une visite des Galápagos relatée précédemment.

Les équipages ont ainsi pu effectuer, le plus souvent sous voile de portant (gennaker ou spinnaker, ou encore génois tangonné), une traversée de près 4000 milles vers les Marquises, dans l’une des zones officiellement les moins fréquentées de la planète bleue.

Un archipel aux paysages riches et diversifiés

Nuku Hiva, Ua Pou, Ha Huka, Tawata, Fatu Hiva, Moho Tani… les noms de îles Marquises sonnent à l’oreille comme une douce mélopée. Et pourtant, cet archipel polynésien composé de 12 îles seulement, dont 6 sont habitées, exprime une certaine rudesse. Ses paysages sauvages, ses reliefs élevés dépassant souvent les 1000 mètres d’altitude, ses falaises abruptes, ou encore sa frange littorale marquée par l’absence de lagon. Tout aux Marquises indique que la nature est reine.

Ce constat est encore plus vrai, s’agissant de la biodiversité marine phénoménale de l’archipel, dont l’essor a été favorisé par isolement géographique des Marquises. Raies Manta, raies aigles, requins, carangues, thons, dauphins, espadons… la faune marine est ici incroyablement riche. Les équipages du rallye qui ont pu faire l’expérience de la nage au milieu des raies Manta aux abords de l’île de Tahuata ne démentiront certainement pas ces propos.

Cette flamboyance de la nature va parfaitement de pair avec le développement d’une culture riche et ancestrale, naturellement tournée vers la mer.

Peuplement et colonisation

Les Marquises sont peuplées depuis environ 2000 ans par des colons arrivés progressivement depuis la Mélanésie et la partie ouest du Pacifique. Longtemps, on a cru que ces habitants venaient des côtes d’Amérique du Sud : c’est ce que cherchait à prouver, en 1948, l’expédition du Kon Tiki, menée par le Norvégien Thor Heyerdhal. Mais depuis, la science a clairement démontré l’origine asiatique de ces populations. Elles venaient progressivement de l’ouest à bord de grandes pirogues capables de naviguer contre vents et courants dominants. Or il était facile pour ces explorateurs du néolithique, en cas d’échec dans leurs tentatives d’exploration, de faire demi-tour, poussés par l’alizé. Emportant avec elles vivres et animaux de manière à supporter la durée d’une traversée vers l’inconnu, ces tribus d’Asie du Sud-Est forment aujourd’hui l’origine des populations polynésiennes.

Les îles Marquises sont situées loin des routes maritimes et ne furent connues des occidentaux qu’en 1585, par le navigateur espagnol Alvaoro de Mendaña. Visité par James Cook lors de sa deuxième expédition en 1774, l’archipel reste vierge de toute souveraineté jusqu’en 1842, année de son rattachement à la France par le contre-amiral Abel Dupetit-Thouars. Alors débarquèrent en nombre marins, marchands, militaires et missionnaires, mais aussi des bagnards et autres réprouvés ou déportés. Les Marquises comptaient au XVIIIe siècle une population qui approchait les 100 000 personnes, d’après le récit sommaire du Capitaine Cook, et qui a failli totalement disparaître en un siècle, sous l’effet des épidémies, de l’alcool et de l’opium apportés sur les îles par les colons Occidentaux et Nord-Américains. Cette perte de population menace l’archipel dans son entier, au point qu’il ne comptait plus qu’environ 2 000 habitants à la fin du XIXe siècle.

 

Une forte assise légendaire

L’archipel a en commun une légende fondatrice voulant que les six îles habitées forment à la surface des eaux le dessin d’une maison posée sur l’immensité océane : cette conception a pris pour nom la “Maison du créateur”. Les Marquises forment ainsi selon cette tradition insulaire un ensemble cohérent, à l’identité forte : la “Terre des hommes”.

Cette assise légendaire tenace joue le rôle d’un rite unificateur, qui n’empêche pas un passé d’affrontements entre peuplades des vallées voisines. Exubérance des paysages, mais aussi sculpture, art de vivre, traditions, contes et légendes tout concourt à faire des Marquises un territoire de haute valeur culturelle et émotionnelle. Car ces légendes où le chant de l’oiseau, la lumière du jour naissant, les feuilles de palme et les falaises volcaniques défiant l’océan, sont le socle d’une magnifique culture et contribuent à former l’identité profonde de l’archipel.

Notons l’importance des statues Tiki, figure centrale présente partout sur l’archipel : le Tiki, ou “Premier homme” du monde polynésien, est un ancêtre déifié qui n’est pas pour autant un dieu. L’art des Tiki est donc pour les Marquisiens un véritable manifeste culturel ainsi qu’un support de mémoire. Hiva Oa se distingue de ses voisines par la richesse de ses différents sites archéologiques. Elle accueille notamment «Takaii» qui, haut de 2,60 m, est le plus grand Tiki de Polynésie française. Cette statue de tuf rouge à la face souriante symbolise équilibre, force et beauté. De nombreux sites pétroglyphes et autres structures lithiques — qui sont le plus souvent les soubassements d’anciennes bâtisses communautaires — se trouvent également sur cette île.

Pâques à Nuku Hiva

C’est à Nuku Hiva, centre administratif situé au nord de l’archipel, que la plupart des participants au rallye ont abordé les Marquises. Nuku Hiva est la plus grande de ces îles, et également la plus peuplée (environ le tiers de la population totale de l’archipel qui dépasse de peu les 9 000 personnes).

Or les cérémonies liées aux fêtes de Pâques, très suivies par les habitants, ont été l’occasion pour les équipages du Grand Large Yachting World Odyssey 500 de suivre une messe célébrée en Marquisien, et de partager un repas traditionnel fait de chèvre au lait de coco et de fruits. Cette découverte de la culture par le biais religieux, n’a pas empêché les marins de faire une plaisante randonnée dans les somptueux paysages de Nuku Hiva, à la fois spectaculaires et préservés.

Des visiteurs de prestige, tombés amoureux des Marquises

Arrivé aux Marquises en juin 1842, l’écrivain américain Herman Melville a à peine vingt-trois ans quand il débarque sur l’île de Nuku Hiva. Il ne fait alors rien d’autre que déserter le navire baleinier à bord duquel il a embarqué deux ans auparavant. Le capitaine de ce navire tyrannise tout l’équipage — il inspirera pour partie le terrible Achab du roman Moby Dick. La tribu des Taïpi, dont la réputation de cannibalisme semblait alors plutôt avérée, lui ont réservé un accueil chaleureux. Melville reprit la mer quelques semaines plus tard. Il n’en a pas fini avec sa vie d’aventures et de navigations, et publiera en 1846 sous le titre “Taïpi”, le récit de son passage aux Marquises.

L’écrivain écossais Robert-Louis Stevenson, de passage sur ces îles en 1888, plus de quarante ans après Melville, décrit quant à lui un paradis menacé, dont le peuple est découragé et dont les lieux sacrés sont foulés. Un archipel en péril, dans lequel le fossé culturel entre habitants, d’une part, et missionnaires et colonisateurs, d’autre part, est source d’incessants conflits. Comme tout navigateur qui touche ces terres, Stevenson est néanmoins subjugué par la beauté et l’atmosphère des îles Marquises. Il faut dire que l’arrivée en bateau sur les Marquises est un choc : ces odeurs, ces montagnes, ces gens qui vous accueillent avec bienveillance, ces sculptures Tiki omniprésentes, démontrent, selon plusieurs témoignages des équipages du Grand Large Yachting World Odyssey 500, une véritable capacité d’attraction.

Hiva Oa, l’île aux Tiki chère à Paul Gauguin et à Jacques Brel

Le peintre Paul Gauguin, venu vivre sur les Marquises entre septembre 1901 et sa mort en août 1903, a contribué à sa manière à la survivance des traditions marquisiennes, en représentant des Tiki dans plusieurs de ses tableaux. Installé sur Hiva Oa avec la vahiné Vaeho, il a choisi l’archipel comme terre d’inspiration, comme Stevenson avant lui. Ses sujets aux couleurs chatoyantes et aux formes sensuelles laissent une trace visible dans l’histoire de l’art et dans l’identité de l’archipel. La célèbre tombe de tuf rouge du peintre français, sur l’île d’Hiva Oa, fait évidemment partie des lieux incontournables de l’archipel.

Après Paul Gauguin, l’île de Hiva Oa a compté avec Jacques Brel un autre hôte de marque venu d’Europe pour s’isoler du monde et finalement y terminer sa vie. Naviguant en double sur son voilier avec sa compagne depuis Anvers, Jacques Brel annonce peu de temps après son arrivée en 1975, au terme d’une grande croisière de huit mois : « finalement nous restons ici. Le pays est beau, les habitants agréables, et Dieu merci, ils ne me connaissent pas ! ».

Sa perception des îles transparaît dans une chanson emblématique, “Les Marquises”. L’immense respect des Marquisiens pour l’océan, exprimé dans la chanson, n’est-il pas un manifeste susceptible de convenir aux équipages du Grand Large Yachting World Odyssey 500 ?

Naviguer d’île en île, en toute sérénité

Rappelons que la formule de ce rallye autour du monde permet aux équipages une forte latitude dans le choix de leur itinéraire. Ainsi, ils sont libres de privilégier certaines escales et de faire l’impasse sur d’autres. Ils bénéficient dans tous les cas de la sécurité liée à la présence de leurs compagnons navigateurs. Le tout, sous la surveillance discrète de l’organisation qui, au moyen d’outils de localisation et de communication efficaces, sait en permanence où se situe chaque voilier.

Ces éléments rassurants permettent à chaque équipage une certaine sérénité dans son programme. Ce qui est vrai pour les grandes traversées l’est aussi au niveau des étapes et chacun a pu choisir selon ses envies, sur quelle île débarquer, où passer un peu de temps et comment profiter de la visite et de l’accueil des habitants.

Cette sérénité est propre à tous les participants du Grand Large Yachting World Odyssey 500. Ces derniers forment une communauté de passionnés de grande croisière, qui ont entrepris un tour du monde de trois ans au cours duquel ils font l’expérience d’une totale liberté, tout en se sachant environnés d’amis chaque jour plus fidèles.

En attendant, les équipages ont pris part au programme de visites et de festivités, comprenant un brunch marquisien au bord d’une piscine, et admiré un spectacle de danses traditionnelles. Tous avaient visité auparavant le musée Gauguin et rendu hommage aux tombeaux du peintre français et du chanteur belge.

L’océan, espace d’une infinie liberté

Toujours est-il que, après plusieurs semaines passées sur les îles Marquises, au contact d’un environnement culturel très présent, les équipages ont depuis repris la mer en direction de Tahiti. Pour certains d’entre eux, cette traversée compte une escale dans les atolls perdus des îles Palliser qui dépendent de l’archipel des Tuamotu. Là, de Rangiroa à Fakarava, ils ont tout le loisir de renouer avec des plaisirs nautiques telle la plongée sur les coraux, la nage en compagnie des requins pointes noires ou le farniente sur la plage arrière de leur dériveur intégral !

Nous retrouverons les équipages du Grand Large Yachting World Odyssey 500 une fois qu’ils auront jeté l’ancre dans les eaux tahitiennes. En attendant, n’hésitez pas à consulter leur position qui s’affiche sur le site du rallye.