EXPÉRIENCES
Prendre le large, se laisser porter par les alizés, explorer l’ailleurs en toute autonomie… Chaque navigation à bord d’un voilier Allures est une expérience singulière, un équilibre subtil entre maîtrise, émotion et contemplation. Nos propriétaires vous ouvrent ici le carnet de bord de leurs aventures. Qu’ils aient franchi un cap mythique, jeté l’ancre dans une baie oubliée ou simplement savouré le silence d’une nuit au mouillage, ils partagent leurs choix, leurs défis, leurs joies – et cette sensation unique d’être vraiment libre.


Deux tours du monde en solitaire, un en avion et un en allures 40.9
Un marin pilote d’avion
Harry est un véritable pionnier des temps modernes ! Aujourd’hui âgé de 74 ans et originaire de Bainbridge Island, Washington, États-Unis, cet ingénieur de formation est passionné d’aviation et de voile. Entre 2011 et 2019, Harry a effectué des vols en solo vers les sept continents à bord d’un petit avion monomoteur en fibre de verre. Ses aventures l’ont conduit à faire deux fois le tour du monde et même au-dessus du pôle Nord. Il raconte ces expériences dans son livre Flying 7 Continents Solo, dans lequel il relate les défis de ses voyages aériens en solitaire.
Parallèlement à ces vols, Harry a également beaucoup navigué, notamment entre Seattle et l’Alaska avec son premier voilier baptisé Raytrace. Puis il a voulu aller plus loin, et a formulé le projet de faire à nouveau le tour de la planète en solitaire, mais cette fois en voilier. Et il a choisi un bateau sûr et maniable : un Allures 40.9, livré en 2022 et baptisé Phywave.
Il raconte ces expériences dans son livre Flying 7 Continents Solo, dans lequel il relate les défis de ses voyages aériens en solitaire.


Au moins un arrêt dans chacun des 7 continents
Entamé à Norfolk en août 2022, le voyage en solitaire d’Harry s’étend sur plus de 38000 milles nautiques, plus de 350 jours en mer et des escales dans 20 pays et territoires. Des eaux glacées de l’Antarctique aux côtes ensoleillées de l’Australie, son périple a été aussi varié que les continents eux-mêmes.
Après sa première traversée de l’Atlantique, il a fait escale en Europe au Portugal, à Lagos, pour découvrir les vins et paysages de l’Algarve. En Afrique, il s’est arrêté au Maroc, puis en Afrique du Sud et en Namibie lors de son voyage retour. Harry a longé la célèbre « Wild Coast » sud-africaine, porté par le puissant courant des Aiguilles. En Amérique du Sud il a fait escales au Brésil, en Argentine, et un arrêt à Puerto Williams, au Chili où il a pu se ravitailler et admirer les fjords et montagnes spectaculaires de la Terre de Feu. Harry a donc ensuite traversé le redoutable passage du Drake pour se rendre en Antarctique, un exploit en solitaire ! En Australie, après avoir ouvert une nouvelle route plus courte à travers la Grande Barrière de Corail, il a célébré sa traversée du Pacifique en faisant une longue escale à Darwin pour éviter la saison des cyclones tropicaux. En Asie, un arrêt prévu d’une semaine à Lombok, en Indonésie, s’est prolongé à un mois, le temps d’effectuer des réparations imprévues mais essentielles sur le moteur de son bateau. C’est donc à Fort Lauderdale qu’il a effectué son retour triomphal en Amérique du Nord, après avoir traversé l’Atlantique pour la troisième fois en provenance d’Afrique du Sud, de Namibie et de l’île de Sainte-Hélène.
Le voyage en solitaire d’Harry s’étend sur plus de 38000 milles nautiques, plus de 350 jours en mer et des escales dans 20 pays et territoires. Des eaux glacées de l’Antarctique aux côtes ensoleillées de l’Australie, son périple a été aussi varié que les continents eux-mêmes.

Un blog pour raconter ses rencontres
Cette circumnavigation aura mis Harry à l’épreuve d’une toute autre manière. « La navigation est évidemment beaucoup plus lente et physiquement exigeante. Mais elle permet une immersion plus forte dans l’environnement, une meilleure appréciation de chaque destination et une connexion avec la communauté internationale des navigateurs. » Ainsi, tout au long de son voyage, Harry a mis en lumière sur son blog les rencontres qui enrichissent ses aventures. Qu’il s’agisse de pêcheurs locaux, de familles insulaires ou d’autres navigateurs et aviateurs, chaque rencontre apporte une dimension humaine à ses récits. Il partage également ses réflexions sur la vie, la navigation et le vol, soulignant l’importance de la préparation, de la résilience et de l’ouverture à l’inconnu.
« La navigation est évidemment beaucoup plus lente et physiquement exigeante. Mais elle permet une immersion plus forte dans l’environnement, une meilleure appréciation de chaque destination et une connexion avec la communauté internationale des navigateurs. »

Et après ?
Pour la plupart, un tel exploit marquerait la fin d’une incroyable aventure. Mais Harry prépare déjà la suite. Il ambitionne de ramener Phywave à Bainbridge Island en passant par le passage du Nord-Ouest. « J’ai déjà affronté la glace en Antarctique. J’espère que cette expérience me servira pour relever le défi de l’Arctique. » Voilà encore un superbe challenge pour Harry !
Le chantier Allures Yachting est impressionné par l’exploit d’Harry et lui présente encore toutes ses plus chaleureuses félicitations.
Pour suivre plus en détails les exploits d’Harry, en mer comme dans les airs, consultez son site web : www.phywave.com


Fou de Bassan : 3 ans autour du monde en Allures 51.9
« Un jour on fera le tour du monde »
Lorsque Dominique rencontre Véronique, il navigue déjà pas mal. Son grand-père, officier de marine l’a initié lorsqu’il était enfant. Mais Véronique, elle, n’est pas fan de la pratique. Pour autant, avant de se marier, il lui propose : « Un jour on fera le tour du monde », elle ne dit pas non. La vie professionnelle les happe, en région parisienne, lui chef d’entreprise, elle médecin ORL. Ils ont des attaches en Bretagne, dans le Finistère Nord, la mer n’est jamais très loin d’eux. Dominique continue à naviguer un peu, de temps en temps. En 2017/2018, il fera une transat avec son beau-frère, en course, sur la Transquadra. Et lorsque Dominique cède son entreprise en 2019, Véronique sait que c’est bientôt l’heure de leur départ « C’était son rêve d’enfant, alors, il y a un moment, il fallait y aller, quoi ! ».

Dominique se met en quête du voilier idéal, il le veut confortable et sécurisant, en aluminium, pour que Véronique soit en confiance. Assez grand pour recevoir de la famille aux escales, stocker du matériel de sports nautiques, mais surtout qu’il reste maniable à deux. Et puis un dériveur intégral, pour rentrer dans les atolls du Pacifique, ça serait encore mieux. Allures Yachting vient de présenter les plans de son nouvel Allures 51.9, ça sera celui-là !
Et en plus, le groupe Grand Large Yachting organise son premier rallye autour du monde, le World Odyssey, ils y voient l’opportunité de naviguer avec plus de sécurité encore, et de se faire de nouvelles amitiés. Mais le départ a lieu en septembre 2021, le bateau, premier de la série, sera livré quelques semaines avant le départ seulement. Trois ans après, Dominique est toujours convaincu de son choix :
« Je reprendrai le même ! Ce bateau est super confortable, super sûr, plus facile à manier qu’un catamaran, notamment dans les grandes traversées et dans les ports ».
Et l’appréhension disparait
« Je crois qu’au moment où on largue les amarres, on peut avoir un peu d’appréhension de l’inconnu. On ne connaissait pratiquement pas le bateau. On savait qu’on se lançait dans un truc, sans savoir exactement ce que ce serait. Progressivement on l’apprivoise. Et ensuite on n’a plus du tout d’appréhension. » Dominique, qui a toujours aimé la technique, connaît rapidement tout de son bateau, il est heureux en mer, heureux aux escales. Véronique avoue avoir eu besoin de plus de temps d’adaptation, au début plus heureuse d’arriver aux escales que de les quitter. Mais elle a pris confiance et véritablement trouvé son plaisir dans l’aventure :
« Je ne pensais pas réussir à faire ce tour du monde aussi facilement ».
Aujourd’hui, on sent même chez elle une pointe de fierté personnelle, bien légitime, à avoir bouclé ce tour du monde avec Dominique ! Ils ont vite trouvé leur rythme à bord. Sur les grandes traversées, pour la répartition des quarts, ils coupent la nuit en deux : Véronique veille jusqu’à 2h du matin, Dominique prend ensuite le relais. Puis les journées sont finalement bien remplies : la météo, la lecture, la cuisine, « et aussi juste le plaisir d’être là, la méditation en se laissant bercer par le vent et les vagues » se réjouit encore Dominique. Véronique lit beaucoup, le carré de Fou de Bassan regorge de bouquins. Elle écrit un blog, dont leurs proches attendent patiemment les nouveaux articles et les photos qui les accompagnent.Ils ont apprécié aussi de recevoir leur famille aux escales, enfants et petits-enfants. Sur quelques traversées aussi, parfois. Une de leur fille a même pu passer 3 mois à bord avec ses enfants à Tahiti. Et tout le monde s’est retrouvé en Afrique du Sud pour des fêtes de Noël australes.

Le plaisir de la découverte
Ce qui motivait le plus Véronique, très curieuse de nature, c’était d’aller à la découverte de nouvelles cultures. Avant chaque pays, elle se renseigne : la signification du drapeau, les institutions politiques, les faits marquants de la culture, la gastronomie, l’économie... Visiter tant de pays en 3 ans, ça l’a passionnée. Dominique aussi :
« Le voyage c’est aller à la découverte des autres, rencontrer les gens, rencontrer les cultures, les pays, je suis toujours passionné par les cultures qu’on rencontre ».
Dominique avoue qu’en s’inscrivant au rallye World Odyssey, il craignait de se retrouver dans un cadre un peu trop contraint, et « en fait le cadre est extrêmement libre, et l’amitié qu’on noue avec les les autres participants est vraiment super. Parfois, on suit des itinéraires un peu différents, on ne se voit pas pendant un mois ou deux, puis quand on se rejoint c’est très agréable de retrouver des gens qu’on connait et qui vivent la même chose que nous ». Pour Véronique, c’était aussi rassurant de réaliser ce tour du monde avec plusieurs bateaux. Et tout autant que Dominique, elle a apprécié ces nouvelles amitiés, de différentes nationalités : « finalement, pendant ces 3 années, on a passé plus de temps avec les amis du rallye qu’avec nos amis historiques restés à terre ».
Même si elle les agace un peu (parce que tout le monde la leur pose), on leur a évidemment posé la question de savoir quelles avaient été leurs escales préférées : Véronique a été étonnée par la Namibie et a adoré toutes les escales passées en famille. Dominique a adoré le voyage mais s’il fallait ne retenir qu’une escale, l’arrivée à Nuku Hiva est extraordinaire après 17 jours de mer, et les Lau (Fidji) avec ses îles isolées sont très attachantes.
En mer comme à terre, leur complémentarité et leur complicité sont évidentes. Si Dominique était à l’origine du projet, il est évident que Véronique y a aussi pleinement trouvé sa place.
« C’est vraiment un voyage extraordinaire, c’est au-delà de tout ce que j’avais imaginé ! »

Et lors de la soirée de clôture du rallye, donnée à Ponta Delgada, il remerciera avec émotion Véronique « sa meilleure équipière » pour ces 3 années de bonheur passées ensemble sur les mers du globe.
Découvrez également leur témoignage en vidéo


ARC+ 2023 et Rallye des îles du soleil
À l’assaut de l’Atlantique, en flottille et à pleine vitesse
Cet hiver, les routes transatlantiques ont fait le plein de voiliers en quête d’horizons tropicaux. Parmi les nombreux participants des rallyes ARC+ et Route des îles du Soleil, deux Allures 45.9/S se sont particulièrement distingués par leurs performances marines et leur comportement à la mer : TENGRI et NOMAD. Deux noms à retenir, deux équipages à saluer.
Un voilier pensé pour allier vitesse, sécurité et élégance
Pour rappel, l’Allures 45.9/S, notre premier voilier de croisière rapide est la déclinaison « sportive » de l’Allures 45.9 (classe de voilier 15 mètres) avec une quille relevable et un mât en carbone. Contrairement à l’originelle version dériveur intégral, c’est ici la quille relevable, à la forme légèrement en bulbe, qui porte le lest avec un centre de gravité plus bas. Le bateau gagne près de 2 tonnes. Le mât en carbone et son gréement en Rod allège encore l’ensemble, surtout dans les hauts, rendant le bateau encore plus véloce, et surtout moins sensible au tangage et donc encore plus agréable à la mer.
TENGRI : premier en réel sur l’ARC+, devant les géants
Sur l’ARC+ 2023, entre le Cap Vert et Grenade, Yermek ASHKENOV a mené TENGRI à un rythme impressionnant :
« TENGRI a vraiment un super potentiel de vitesse ! On a même fait une pointe à 17 nœuds ».

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Il s’est aussi réjoui à l’arrivée du parfait équilibre de son Allures 45.9/S entre performances et sécurité : « TENGRI est un super bateau ! Suffisamment costaud pour briser la glace, et assez rapide pour concurrencer des voiliers performants. ». Car en effet, TENGRI est arrivé le premier en temps réel à Grenade dans sa catégorie Class B, laissant derrière lui 15 bateaux, avec parmi eux des voiliers de 55 pieds.
A la lecture du tableau d’arrivée, on remarque ainsi derrière eux, presque surpris, pas moins de deux Amel 50, un Grand Soleil 46, un Xc 45, deux Oyster 55 et un 53 ou un Hallberg-Rassy 53…
NOMAD : sensations fortes et maîtrise sur la Route des îles du Soleil
Sur la Route des îles du soleil, bien qu’ayant pris possession de leur bateau neuf en mai, Jean-Luc et Marie-Claire BRUGGEMAN ont eux aussi très vite su comment tirer profit du potentiel de vitesse de NOMAD. Il faut dire que Jean-Luc affiche un sérieux passé de régatier, raison pour laquelle, au moment de choisir un bateau de voyage pour faire le tour du monde, ils recherchaient un voilier sûr, mais surtout rapide : l’Allures 45.9/S était fait pour eux !
Accompagnés de deux équipiers, ils ont eux poussé le bateau jusqu’à 16 nœuds, un jour de vent bien soutenu ! « De manière générale, j’avais un grand débat avec Marie-Claire : devais-je parfois appuyer sur le frein, pour favoriser la pêche et l’avitaillement du bord ? » nous raconte Jean-Luc, amusé… et fier. L’un comme l’autre nous ont aussi dit avoir apprécié la sécurité et la sérénité apportée par leur bateau : « au point qu’on se demandait parfois si on était sur le même océan que nos concurrents qui se plaignaient d’être dans une machine à laver, on n’avait pas du tout la même sensation à bord de NOMAD. »
Et à l’arrivée aux Saintes, sur 18 participants au rallye, il n’y avait devant eux que 2 catamarans et un monocoque de 56 pieds, impressionnant !
« On se demandait parfois si on était sur le même océan que nos concurrents… » [...] « Certains parlaient de machine à laver, nous avions l’impression d’être dans un cocon. »
La grande croisière en aluminium : rapide et rassurante
Ces deux brillantes performances démontrent, s’il en était encore besoin, qu’avec un ALLURES, aujourd’hui la grande croisière sur un voilier en aluminium, en plus d’être sure peut être aussi rapide ! Félicitations à Yermek, Jean-Luc et Marie-Claire d’avoir menés leurs bateaux avec tant de brio ! Et merci de nous faire partager leurs aventures.
📊 Voir le classement du Rallye des îles du Soleil 2023


Première traversée de l’Atlantique pour les participants au World Odyssey 500
Une transat attendue depuis quarante ans
Pour beaucoup d’équipages engagés dans le Grand Large Yachting World Odyssey 500, cette première traversée de l’Atlantique fut un moment fondateur. « Cela faisait presque quarante ans que nous rêvions de faire la Transat. » confie un navigateur, ému d’avoir enfin concrétisé ce projet de longue date. Vingt et un jours en mer, loin de toute côte, ont représenté une expérience inédite. « C’est vraiment une période qu’on n’avait jamais connue encore, seuls sur un bateau aussi longtemps. » Ces récits sont ceux des propriétaires Allures, qui partagent avec émotion leur expérience et leurs apprentissages à bord de leur voilier aluminium de grande croisière.
« Cela faisait presque quarante ans que nous rêvions de faire la Transat. » confie un navigateur, ému d’avoir enfin concrétisé ce projet de longue date.
Des conditions plus musclées que prévu
L’image d’une transat douce sous alizés, chaleur et baignades fut rapidement démentie. Après quelques jours de calme plat, les équipages ont affronté une mer croisée et soutenue. Les systèmes météorologiques les ont contraints à rallonger la route en passant par le Cap-Vert, ajoutant près de 400 milles au parcours initial.
« Ce n’était pas la transat tranquille qu’on nous décrit parfois. Mais ce fut une expérience riche, qui nous a appris à nous adapter. »
Lâcher prise et trouver son rythme
Au fil des jours, les marins ont dû composer avec une nouvelle temporalité. « On commence par se dire six jours… puis neuf, puis quinze… et finalement le temps s’écoule autrement. » Cette traversée fut aussi une épreuve intime pour certains : quitter enfants et petits-enfants, accepter l’incertitude, et surtout apprendre à faire confiance.
« Pour faire le tour du monde, il faut lâcher beaucoup de choses. La mer nous enseigne ce chemin vers la confiance. »
Des équipages variés, une expérience partagée
Certains ont navigué en couple, fidèles à leur équilibre de vie en mer, d’autres ont embarqué amis et proches. « Notre équipage était un peu hétéroclite : un montagnard qui n’avait presque jamais navigué, un marin expérimenté mais novice en transat… et pourtant, tout a très bien fonctionné. » À terre, les familles retrouvent les équipages, partagent Noël ou des escales festives, tandis qu’en mer la traversée reste une affaire de deux, ou d’un petit groupe soudé.
« Notre équipage était un peu hétéroclite : un montagnard qui n’avait presque jamais navigué, un marin expérimenté mais novice en transat… et pourtant, tout a très bien fonctionné. »
La découverte de la solitude en mer
Au milieu de l’océan, un sentiment singulier s’installe : celui d’être véritablement seuls. « Quand, après des jours, on voit enfin un bateau apparaître sur l’écran de l’AIS, c’est presque une joie enfantine. Et quand on l’aperçoit en vrai, même au loin, c’est encore plus fort. »
La fiabilité des voiliers, un allié précieux
Tous soulignent l’importance du bateau dans cette expérience. « Nous avons été bluffés par la fiabilité et le confort, même dans des mers formées. »
Les réglages et les choix de route, parfois tâtonnants, ont permis de mieux comprendre les capacités du voilier et d’optimiser la navigation.
« Nous avons été bluffés par la fiabilité et le confort, même dans des mers formées. »
Une étape clé d’un tour du monde
Cette première transat, avec ses imprévus et ses apprentissages, marque une étape fondatrice du Grand Large Yachting World Odyssey 500.
Au-delà du défi technique et des milles parcourus, c’est une aventure humaine qui s’écrit, entre confiance, solidarité et émerveillement — portée par les témoignages passionnés des propriétaires Allures.
Découvrez ici leurs témoignages en vidéo.


La vie à bord pendant la transat : entre lecture, musique, sport et bricolage
Un quotidien rythmé par de multiples activités
Lors de leur traversée de l’Atlantique dans le cadre du Grand Large Yachting World Odyssey 500, les propriétaires Allures témoignent d’un quotidien varié et parfois inattendu. La lecture occupe une place centrale, l’occasion de rattraper le temps de lecture mis de côté avant le départ. Mais les activités à bord ne s’arrêtent pas là : jeux de société chaque soir, écriture et enregistrement de chansons en famille, moments de partage qui rendent la traversée unique.
Du sport et du bien-être, même en mer
Entre séances de yoga au lever du jour, exercices adaptés aux mouvements du monocoque et baignades en pleine mer, les équipages savent rester actifs. Le snorkeling, le paddle ou encore le kayak gonflable permettent de profiter pleinement des escales et des pauses dans les navigations.
Bricolage, pêche et découverte
Comme tout navigateur le sait, un voilier demande une attention constante. Petits bricolages et réglages rythment les journées, même à bord d’un bateau neuf. Certains équipages se sont aussi essayés à la pêche en haute mer, parfois avec succès, parfois avec l’amertume de perdre leurs leurres face à des thons ou barracudas trop puissants. « Il nous reste beaucoup à apprendre, mais c’est une belle leçon de mer », confient-ils.
« Il nous reste beaucoup à apprendre, mais c’est une belle leçon de mer », confient-ils.
Une traversée riche et créative
Au-delà de la navigation, cette transat fut l’occasion de partager des expériences humaines et créatives, renforçant le lien entre équipiers et familles. Les propriétaires Allures rappellent qu’à bord, l’essentiel n’est pas seulement d’avancer, mais aussi de savourer chaque instant.
Découvrez ici leurs témoignages en vidéo.


Geneviève et Etienne, à bord de Loly : un tour du monde en Allures 45.9
Un hommage et une histoire familiale
Le nom de leur voilier, Loly, n’est pas choisi au hasard. Il fait écho au surnom du père d'Etienne, celui qui lui a transmis le goût de la voile. « C’est une façon de lui rendre hommage », explique-t-elle.
Un bateau pensé pour partir loin
Dès le départ, Étienne avait un objectif clair : naviguer en confiance sur un voilier robuste et marin. Avec leur Allures 45.9, le couple a trouvé l’équilibre parfait entre solidité, performance et confort.
« Nous venons de traverser l’Atlantique, et jamais je ne me suis senti en insécurité », raconte Geneviève.
Leur rêve d’enfant devient réalité : explorer les horizons lointains, avec la certitude d’être bien protégés, quelles que soient les conditions.
Une aventure familiale et humaine
Au-delà de la navigation, cette aventure est aussi une histoire de famille et de partage. Trois de leurs enfants les ont rejoints pour une traversée inoubliable. Moments musicaux improvisés à bord, rires et souvenirs gravés : Loly est devenu un véritable lieu de vie et de transmission.
« On doit lâcher beaucoup de choses pour faire un tour du monde », confie Geneviève. « Mais la vie elle-même est une aventure, et il faut savoir se lancer. »
Le choix du Grand Large Yachting World Odyssey
Lorsqu’ils découvrent le projet du Grand Large Yachting World Odyssey, Geneviève et Étienne n’hésitent pas longtemps. Pour eux, ce rallye est l’occasion idéale : partir loin, mais avec la sécurité d’un groupe et l’émulation d’une communauté.
« Voyager de concert, c’est extraordinaire. On reste libres, mais on crée une famille. Les liens que nous avons noués sont précieux », raconte Geneviève.
Un rythme de vie au large
À bord, la vie s’organise simplement : yoga au lever du soleil, baignades quotidiennes, navigation en rythme avec le vent et la mer. L’aventure n’est pas seulement maritime, elle est aussi intérieure : un art de vivre, au plus près de l’essentiel.
Une aventure partagée
Pour Geneviève et Étienne, il est clair qu’ils n’auraient peut-être jamais entrepris seuls un tour du monde. Mais ensemble, et entourés de la flottille du Grand Large Yachting World Odyssey, ils se sentent portés, inspirés et transformés.
Découvrez leur témoignage en vidéo ici.


Interview de Chap’s – « Happy owner » d’un Allures 44
Cette vidéo a été tournée sous le soleil de la Martinique pendant une escale du rallye Grand Large Yachting World Odyssey 500.
Voici leur histoire, leurs impressions, leur avis sur la bateau.Merci à eux pour ce beau témoignage qui donne des envies de grande croisière et d'aventure.


Canal de Panama : étape clé du World Odyssey 500
Rassemblement à Shelter Bay Marina
Fin février, la flotte du Grand Large Yachting World Odyssey 500 se regroupait dans la paisible marina de Shelter Bay, faisant face à la grande ville de Colón et ses 90 000 habitants, porte d’entrée du canal de Panama. Laissons place au témoignage de Victor, Event Manager sur le rallye. Nous échangeons avec Victor par téléphone, depuis l’aéroport de Panama où il est près de repartir vers les Galapagos :
“Les bateaux sont restés à Shelter Bay Marina entre une semaine pour les derniers arrivés et 10 jours pour les premiers sur place, tel Chamagui 2. Là, l’essentiel de leur activité a consisté en la préparation au franchissement du canal. Cela comprenait la mesure et l’enregistrement des bateaux par les autorités du canal à des fins administratives, et une préparation technique pour le passage des écluses, qui doivent s’opérer à quatre personnes embarquées par bateau. Suite à la traversée de la mer des Caraïbes, les équipages ont profité de ces moments pour effectuer des approvisionnements, faire le plein de gasoil, puis se sont préparés au départ pour le franchissement du canal”.

Le canal de Panama, un morceau d’histoire
Charles Quint, dès 1534, ordonnait d’effectuer une étude pour percer un canal à Panama. Celui-ci éviterait aux navires espagnols d'avoir à contourner l’Amérique du Sud par le Cap Horn. Le roi d’Espagne et l’Empereur germanique, grâce aux récits des conquistadors, avaient identifié l'isthme de Panama et ses 80 km de côte à côte comme le passage le plus étroit de toute l’Amérique Centrale.Le percement du canal, débuté par les français en 1881 et achevé en 1914 par les américains, a connu de nombreuses péripéties. Citons notamment près de 6000 décès sur le chantier, pour des raisons allant de la malaria au tremblement de terre ou au glissement de terrain, ... L’histoire de ce lieu est également marquée par un énorme scandale intervenu dans les années 1890. Citons également Ferdinand de Lesseps qui, auréolé de la “paternité” du canal de Suez 40 ans auparavant, restait convaincu que le franchissement de l’isthme pouvait se faire sans construire d’écluses - or il avait tort et emmena nombre d’actionnaires crédules dans cette erreur.Riche de cette histoire mouvementée, le canal de Panama représente aujourd’hui un point stratégique pour le commerce maritime mondial. Il est franchi chaque année par environ 14 000 navires - bâtiments de commerce pour l’essentiel, mais aussi voiliers de plaisance comme dans le cas du rallye.
Le canal de Panama est franchi chaque année par environ 14 000 navires - bâtiments de commerce pour l’essentiel, mais aussi voiliers de plaisance comme dans le cas du rallye.

Le Pacifique, un grand moment pour tous
Victor décrit en ces termes le franchissement du canal : “Nous nous sommes scindés en deux groupes de 12 bateaux. Prenons l’exemple du premier groupe, qui est parti un mardi en milieu d’après-midi. Il a effectué la traversée des trois premières écluses montantes en fin d’après-midi. Dites écluses de l’Atlantique, elles font gravir un dénivelé d’environ 30 mètres. Les bateaux se retrouvent ensuite sur le lac Gatum, où ils se sont amarrés à couple à la bouée jusqu’au lendemain matin. » Sur le second passage, Chamagui, Chaps, Bluway et Salavida se sont retrouvés ensemble amarrés à la bouée du lac Gatum : cela a donné une des belles images de ce franchissement du canal de Panama. Victor poursuit : “Le mercredi, 10h, départ pour la seconde section du canal, en traversant le lac Gatum jusqu’à atteindre vers 16 h les deux écluses descendantes de Pedro Miguel et Miraflorès.

Là encore un dénivelé de quelques dizaines de mètres, offrant une vue unique sur l’océan Pacifique en contrebas. Le franchissement de cette section dure quelques heures et à 20h tout le monde avait franchi le Pont des Amériques, se retrouvant dans le Pacifique. Un grand moment !
Ensuite, et du fait de l’obligation d’avoir 4 “handliners” à bord en sus du capitaine, nous avons organisé une navette pour ramener à Shelter Bay des membres d’équipage de la première équipe, pour qu’ils aident les bateaux prenant part au second passage. Cela a été l’occasion pour les équipages de continuer à faire connaissance et de renforcer l’entraide. Il fallait cependant rester concentré, car une fois que les bateaux, qui se présentent à couple, sont engagés dans le remous des écluses, il ne faut pas rater son nœud d’amarrage !”.
Les bateaux ont franchi le canal sans dommage. Tout le monde s’est retrouvé à la marina de la Playita de Amador, sur une presqu’île au sud-ouest de la sortie du canal. Le moment était venu de célébrer ce passage dans le Pacifique, c’était une première pour presque tous les membres d’équipage présents. Maintenant il faut se projeter vers les Galapagos, à 900 miles de là, Cap au sud-ouest !


World Odyssey 500 – Escale en Martinique
Une météo clémente
Il peut paraître surprenant d’entreprendre la traversée de l’océan Atlantique à la voile d’est en ouest en plein hiver : c’est pourtant la période de navigation idéale pour rejoindre les Antilles au départ de l’Europe. Une fois atteinte la zone intertropicale, qui en Atlantique nord débute aux environs du Cap-Vert, il n’est plus question de dépressions ou d’anticyclones, mais plutôt d’un régime de vents réguliers qui assure, pour le bateau, une marche rapide aux allures portantes et, pour l’équipage, des conditions de température et d’hygrométrie fort confortables. Que demander de mieux pour se forger une expérience de navigation transatlantique ?
Il peut paraître surprenant d’entreprendre la traversée de l’océan Atlantique à la voile d’est en ouest en plein hiver : c’est pourtant la période de navigation idéale pour rejoindre les Antilles au départ de l’Europe.

Une escale technique
Les bateaux, arrivés mi-janvier à la marina du Marin, en Martinique, ont été accueillis comme il se doit, avec la prise en charge de leur amarrage par l’organisation, la mise en place des travaux d’entretien rentrant dans le cadre de cette escale technique, ou encore la participation à un programme social qui a contribué à souder les membres de ce collectif de marins. Côté escale technique, il s’agissait d’effectuer les vérifications de rigueur après plusieurs semaines de mer : gréement courant et dormant, électronique, motorisation, gestion des fluides, état des voiles, rien n’a été laissé au hasard pour les voiliers Allures, dont la totalité de la gamme actuelle - 40.9, 45.9 et 51.9 prend part au rallye.
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“L’intérêt de cette escale technique est que nous savions précisément ce qui nous attendait”, indique Vincent Mauger, responsable Grand Large Services Manche ; “tous les bateaux avaient besoin d’un check, ce qui est parfaitement normal après une transat. Nous savions au cas par cas quelles pièces de rechange apporter, et quelle intervention planifier. Ce niveau de préparation a réellement donné du sens à notre présence en Martinique, où nous étions deux personnes, Yann, menuisier et moi-même, venues spécialement depuis le chantier de Cherbourg. Et les propriétaires ont été contents de cette présence, comme en témoignent les chaleureux remerciements qu’ils nous ont adressés et la petite fête donnée en notre honneur à notre départ”.
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Une escale conviviale
Côté convivialité, dès leur arrivée, les équipages se sont vu offrir un apéritif de bienvenue à bord d’un restaurant flottant, au Marin. Le lendemain, ils ont fait la visite de l'Habitation Clément, maison de rhum emblématique située au François, qui, par son intérêt patrimonial comme par ses richesses botaniques, représente une initiation sans pareille à la culture créole. Le vendredi, encore, chacun pouvait prendre part à un pique-nique sur la plage à l'Islet Chevalier, où les équipes de volley se sont formées dans la bonne humeur. Et ces occasions d’échange, qu’elles émanent de l’organisation ou qu’elles soient à l’initiative des participants - bien plus nombreuses encore - ont permis aux participants de mieux se connaître.
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“On a pu constater que l’ambiance générale était excellente entre tous les participants”, renchérit Vincent ; “les éventuelles incertitudes ressenties à Tenerife avant la grande traversée se sont totalement envolées. Je veux parler des doutes de certains sur leur capacité, en tant que marin, à effectuer cette navigation de plusieurs semaines, comme d’ailleurs de différents questionnements sur le potentiel, le comportement et la fiabilité de leur bateau.” Quant aux éventuels clivages - par exemple entre tenants du monocoque et du multicoque, ils se sont proprement envolés, et ont laissé place à une seule et même famille, celle des heureux participants à une navigation mémorable et, pour beaucoup, unique.
“On a pu constater que l’ambiance générale était excellente entre tous les participants”
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Nul doute que la présence rassurante des équipes dépêchées sur place par les chantiers, mais aussi que le niveau de disponibilité affiché par les membres de l’organisation, ont contribué à cette réussite. La teneur du briefing consacré à la quatrième étape vers le Panama a confirmé cela : quand on quitte l’Atlantique pour gagner l’inconnu du Pacifique, il n’y a plus guère de certitudes qui tiennent, sinon celle d’une entraide et d’une convivialité de tous les instants entre les membres de cette belle aventure collective.
Enfin, le départ en flottille, donné le 22 janvier comme un départ de régate entre Le Marin et Sainte-Anne, a permis de confirmer tout cela, mais aussi de valider la bonne marche des bateaux lors de longs bords effectués de concert sous le soleil. Comme quoi la convivialité et la bonne humeur s’accommodent parfaitement d’un zeste de performance !
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Le rêve devient réalité : cap sur le grand voyage avec l’Allures 45.9
Après des années à naviguer en Méditerranée sur un voilier composite, ce couple de navigateurs passionnés a franchi une nouvelle étape : celle du grand départ. Leur choix ? Un Allures 45.9. Un dériveur intégral en aluminium, pensé pour l’aventure et la sérénité. Pour eux, l’équation était simple : solidité, confort et autonomie. L’aluminium pour la sécurité, la quille relevable pour explorer plus librement, et une carène élégante qui transforme chaque mille parcouru en plaisir pur.
Aujourd’hui, fraîchement retraités, ils lèvent l’ancre pour un tour du monde par les alizés, en suivant la route mythique de Jimmy Cornell. Un projet mûri, préparé avec soin, accompagné par le chantier l'entité Services du groupe Grand Large Yachting pour partir bien équipés.
Découvrez ci-dessous leur témoignage inspirant en vidéo : l’histoire d’un rêve devenu réalité.


De la régate à l’horizon : le parcours d’Allan et Linda vers la grande croisière
Coureurs avant d'être croisiéristes
Pour Allan, la voile de compétition a pris très tôt une grande place dans sa vie, alors qu'il suivait ses études en Écosse, puis à Londres pendant les premières années de sa carrière. Linda a fait son entrée dans le sport lorsqu'ils ont passé du temps à Minorque à naviguer ensemble, d'abord sur Laser, puis sur 420, avant de retourner à Londres où ils ont couru en double sur des dériveurs légers le reste de leur vie professionnelle.
"Linda et moi avons régaté sur dériveur de 1985 à 2012. Dans le sud-ouest de Londres, l'un des grands clubs possédait une importante flotte de Fireball, ce qui nous a attirés vers ce dériveur en double à trapèze unique de performance. Nous avons navigué sur des Fireball pendant plusieurs années jusqu'à ce que les skiffs à spi asymétrique arrivent sur le marché. Ensuite, nous nous sommes joints à d'autres membres du club pour acheter un ISO à la sortie de ce modèle, puis un RS500, dont nous avons rejoint la classe. Nous avons même organisé des championnats du monde de RS500 en 2011, l'année précédant les JO de 2012, sur le site même de Weymouth qui accueillerait les épreuves olympiques de voile ! "
Nous ne savions pas du tout que des gens vivaient sur des voiliers habitables à l'année avant cela - que c'était une option tangible qui pouvait s'appliquer à nous.
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Une nouvelle option tactique
"Nous avons commencé à louer des bateaux au sein de flottilles à partir des années 90, principalement dans la Méditerranée, un peu dans les Caraïbes. Quelques années avant notre retraite, en 2013, nous étions en Grèce pour des vacances en flottille et nous cherchions des idées pour l'après-retraite, et le capitaine de la flottille n'arrêtait pas de parler de ces "corsaires" qui vivaient en déplacement constant. Nous ne savions pas du tout que des gens vivaient sur des voiliers habitables à l'année avant cela - que c'était une option tangible qui pouvait s'appliquer à nous. Notre vie avait jusqu'alors été organisée d'une certaine manière. Nous participions activement à des régates de dériveurs et nous partions occasionnellement en vacances en croisière, mais avant tout nous construisions et poursuivions nos carrières respectives : un état d'esprit très différent ", explique Linda. Très vite, ils ont décidé de prendre la mer pour leur retraite !
L'approche de la ligne de départ
Lorsqu'ils ont cessé de travailler, ils ont rapidement et résolument échangé leur RS500 de 14 pieds contre un voilier de grande croisière de 41 pieds (baptisé Touch of Grey) sur lequel ils ont vécu pendant plus de 5 ans et parcouru 23 500 milles, "pour tester la vie". Adoptant un nouvel état d'esprit en tant que croisiéristes, ils sont passés de la navigation diurne à la croisière côtière, puis à une traversée de l'Atlantique et à une croisière sur la côte est des États-Unis qui les a conduits jusqu'en Nouvelle-Écosse.
"Nous avons confirmé notre adhésion au style de vie que représente la croisière, mais nous avons aussi rapidement appris les limites du bateau de série de 41 pieds pour les croisières prolongées, la grande croisière et la navigation hauturière. Nous avons commencé à chercher un nouveau bateau en 2017 et avons visité le salon nautique d'Annapolis. Allures n'était pas dans notre radar, mais nous sommes repartis à la fois peu impressionnés par le bateau que nous avions en tête, et positivement marqués par l'Allures 45.9 : disons qu'il a fait mouche ! Il n'y avait pas vraiment de concurrence.
" L'Allures 45.9 nous a semblé plus spacieux et plus moderne, et il était bien aménagé selon des principes dont nous avions compris l'importance pour nous au cours des 5 années de croisière précédentes."
L'Allures offrait une bonne visibilité depuis le carré et une bonne luminosité, une table centrale pratique et une salle de travail / salle technique. Nous avons apprécié que l'on puisse se mettre au lit dans le bon sens, sans avoir à grimper et à se retourner. La soute à voile avant était spacieuse, et nous étions attirés par une configuration sous voile plus flexible pour plus de performance. Enfin, avec son portique arrière et son bossoir, l'Allures 45.9 était conçu pour accueillir des panneaux solaires et pouvait soulever et emporter l'annexe... nous passions d'un bateau de week-end à un bateau de croisière hauturière de qualité, réellement conçu pour la vie en mer ! Nous avons passé la commande de notre Allures 45,9 en avril 2018, et Stravaig a été mis à l'eau en juin 2019."
Profiter de la risée
"Après la livraison du bateau au chantier de Cherbourg, notre plan avait toujours été d'apprendre à connaître notre bateau au moyen de navigations plutôt courtes, de croisières côtières ou vers des destinations relativement proches. Très vite, nous nous sommes également tenus à l'écart du CoviD-19. En mars 2020, nous étions sur le bateau aux îles Canaries lorsque le confinement a été déclaré en Espagne ; or nous avions prévu de passer l'été en Norvège jusqu'à ce que ce pays ferme ses frontières maritimes. Et finalement, nous nous sommes dirigés vers les îles Anglo-Normandes, où nous avons eu la chance d'obtenir le statut de bateau local pour l'été. Nous avons été en quarantaine pendant 15 jours à Guernesey, mais nous avons ensuite passé deux mois à profiter des îles Anglo-Normandes d'une manière unique et exclusive, car il n'y avait pas de tourisme pendant tout l'été 2020."
Après avoir navigué dans les îles Anglo-Normandes, appris à connaître le bateau et l'avoir mis au point, Allan et Linda étaient bien préparés pour effectuer la traversée de l'Atlantique et au-delà. Le blog Stravaig commence ici, avec le récit des 10 jours de voyage de Guernesey à Lanzarote !

La voile hauturière en double
De la régate en dériveur à l'Allures 45.9, le plan a toujours été de naviguer en double ! En janvier 2021, Allan et Linda sont partis de Lanzarote pour rejoindre Grenade. Ils partagent certains de leurs moments préférés et abordent avec perspicacité dans leur blog des sujets tels que le routage météo et la conduite du bateau, qui sont récurrents dans ce journal de bord, notamment destiné à partager l'aventure avec leurs proches. Itinéraire météo - "Notre route, de Lanzarote à Grenade" par Allan : "En ce qui concerne les conditions, nous n'étions dans rien d'extrême, pas dans de l'extrême prolongé dans le temps, en tout cas. Lorsque nous avons traversé l'Atlantique en 2016, c'était un peu éreintant à 3 personnes, mais cette fois-ci, nous nous sommes sentis assez à l'aise, seuls à bord tous les deux. Les conditions étaient similaires, en fait plus difficiles vers le début de la traversée, mais le bateau gère bien quand la météo devient mauvaise, et nous ne l'avons jamais senti échapper à notre contrôle.
Notre plan de navigation est assez flexible, avec un large éventail d'options destiné à s'adapter aux conditions.
Nous aimons l'excitation de naviguer avec le Blue Water Runner (voile de portant sur enrouleur capable de se déployer en ciseaux ou en simple comme un gennaker) qui, avec 150 mètres carrés, est trois fois plus grand que notre grand-voile !Autre sensation forte, entre les jours 10 et 11, nous avons croisé le chemin de Charlie Dalin dans le Vendée Globe à moins d'un mille et nous avons communiqué avec lui par radio. On peut se demander s'il a inspiré notre sens de la compétition ou si nous avons reçu de bons conseils météorologiques, car nous avons ensuite enregistré deux jours consécutifs de records ! " a souligné Allan.
Le reste du journal de bord de la Transatlantique détaille le constant exercice d'équilibre que représente la navigation au large. Dans tout ce travail, il y a aussi de l'accomplissement et un profond plaisir ; à travers les changements de météo et de voile, l'équilibre entre la direction manuelle et le pilote automatique, l'interaction des systèmes du bateau, un programme alimentaire d'une qualité impressionnante, sans négliger le fait de savoir quand se reposer, la nécessité de faire des pauses pour admirer le paysage et savoir apprécier des rencontres uniques avec la nature.

Barrer la nuit
"Il n'était que 19 heures, mais il faisait déjà nuit, et le vent était de direction assez régulière, mais avec des rafales. Le Blue Water Runner était sorti à tribord en format asymétrique. Alors que je me préparais à prendre les commandes, j'ai réalisé que cela faisait longtemps que je n'avais pas barré dans l'obscurité. (En fait, Allan m'a rappelé plus tard que bien que nous ayons fait des semaines de navigation de nuit sur Stravaig, nous n'avons pas vraiment fait de pilotage de nuit, donc la dernière fois que j'en ai fait c'était il y a un an et demi). Je n'arrivais pas à voir la voile, le ciel était noir et l'affichage des instruments avait été réduit pour la nuit et était difficile à lire. J'ai passé dix minutes à pivoter : la roue était sur-corrigée, la voile s'affaissait constamment et le bateau oscillait de 40 degrés ou plus sur le côté... Puis, juste avant de m'énerver, j'ai compris le principe. Comme nous l'avons découvert au cours de notre navigation de jour, cette énorme voile nécessite une manipulation étonnamment délicate. J'ai commencé à tenir la barre au centre et à ramener le bateau vers le vent de quelques degrés à la fois. Tout est devenu calme et elle (et moi) nous sommes installés dans le rythme de la nuit. " Tout va bien. Linda - 3 Jan 2021, Lanzarote à Grenade jour 14.
Le voyage et la destination - en boucle !
Le couple a passé le printemps 2021 à parcourir les îles, à plonger avec bouteilles ou en apnée dans les eaux turquoises des Caraïbes. Suivent une sorte de migration saisonnière, ils se sont progressivement dirigés vers le nord, vers la côte est des États-Unis, tout en établissant des plans pour les magnifiques lieux de navigation de la saison prochaine : les Bahamas !

Un programme alimentaire extraordinaire
"Sur Stravaig, je pense que nous mangeons assez différemment des autres personnes. J'aime cuisiner, nous mangeons de façon contemporaine, principalement des aliments crus. J'ai appris à contourner les difficultés de la cuisine en mer, et même dans ce cas, nous mangeons très bien. L'un des aspects intéressants de la navigation vers d'autres pays est de trouver de nouveaux ingrédients, mais aussi de travailler avec des ingrédients limités et de trouver des aliments sains et délicieux, de faire preuve de créativité."

Rédactrice et éditrice professionnelle, Linda fait passer la cuisine à un niveau supérieur sur l'Allures 45.9 Stravaig ! "Lors d'une traversée, nous avons tendance à manger moins (à part le grignotage durant les quarts) et nous avons constaté que nous préférions les plats plus simples. Cependant, à l'occasion de notre anniversaire de mariage, Linda s'est surpassée pour nous préparer quelque chose de très spécial : des filets de barbue frits à la poêle dans du beurre de Guernesey, accompagnés d'une salade de fenouil, de courgette et d'oignon rouge avec une vinaigrette au citron vert et à l'orange. Un seul mot pour décrire cela : Brillant. Pour le dessert, nous avons pris chacun un dessert végan d'une marque à la mode. Je n'ai aucune idée de ce dont il était exempt (de gluten peut-être, mais certainement pas de sucre) et surtout de ce dont il n'était pas exempt, la marque en question étant si dominante sur le packaging que tout le reste était consigné dans des caractères trop petits pour pouvoir être lus. Pas aussi brillant que le plat de Linda."
Découvrez "Stravaig'n the Blue", le blog (en Anglais) d'Allan et Linda, en cliquant ici.
Stravaig v. [Écosse] : errer, se promener sans but ; traverser, monter et descendre (un lieu).


Allures 45.9 en Nouvelle-Zélande : une parenthèse enchantée au bout du monde
Cette galerie d'images est l'histoire d'une rencontre. D’un côté, les Anglais Julian et Patricia, navigateurs venus du Herefordshire, qui croisent en Nouvelle-Zélande depuis plus d’un an à bord de A Capella of Belfast, leur Allures 45.9. Nous les avions rencontrés fin 2019, alors qu’ils s’apprêtaient à gagner les îles Samoa.
Bloqués dans les eaux néo-zélandaises en raison des restrictions sanitaires, sans possibilité de ramener leur voilier à Douvres, ils avaient envisagé une solution radicale : contacter Allures pour vendre leur bateau à Auckland… et en commander un neuf en Europe ! Finalement, la raison l’a emporté sur l’impulsion : A Capella a été transporté par cargo vers l’Europe en mars 2021.
De l’autre côté, Gilles Martin-Raget, figure incontournable de la photographie de voile, installé à Marseille mais présent à Auckland à l’occasion de la 36e America’s Cup. Entre l’ouverture du village en décembre 2020 et la cérémonie de clôture en mars 2021, il documente intensément cette grande fête du yachting international, enrichissant son site d’une galerie impressionnante.
C’est début mars que les chemins de Julian, Patricia et Gilles se croisent, autour de l’île de Kawau. Située dans le golfe d’Hauraki, à 40 km au nord d’Auckland, l’île est surnommée « l’île aux 100 pontons » pour sa quasi-absence de routes. Sa biodiversité rare et ses paysages évoquant tour à tour la Bretagne, la Provence ou les confins du Pacifique en font un écrin exceptionnel.
Ce cadre naturel inspirant devient le théâtre d’une séance photo spontanée, capturant l’élégance du voilier et la liberté de ses propriétaires. L’Allures 45.9 s’y révèle dans toute sa beauté : un dériveur intégral en aluminium conçu pour vivre pleinement ces ailleurs qui éveillent l’âme.
Découvrez cette parenthèse enchantée, en images.


Du Léman au Cap Horn
Je m’appelle Julian, je suis le proprétaire de l’Allures 51.9 #3. Moité Argentin et moitié Italien, je suis né en Argentine et j’y ai vécu pendant 37 ans, jusqu’à notre installation en Suisse avec ma femme Daniela et mes enfants, il y a maintenant 7 ans.
J’ai navigué toute ma jeunesse, j’ai commencé sur des dériveurs quand j’étais petit, puis suis monté sur des bateaux plus grands, et progressivement j’ai fait de la régate et même des régates océaniques. Puis je me suis marié, et ai eu des enfants mais quand ils étaient petits c’était compliqué, même moi je n’avais pas envie de naviguer à l’époque, je pensais plus à être auprès d’eux à la maison et j’ai donc totalement arrêté la voile. Quand on a déménagé en Suisse, la première chose que j’ai faite a été d’aller voir une école de croisière, dans le but de passer un permis de navigation sur le Léman, et j’ai vu que c’était devenu tellement compliqué sur le plan administratif et aussi côté sécurité, que j’ai décidé de laisser tomber.

Retour aux fondamentaux
Mais après, avec cette histoire de coronavirus, il y a eu une combinaison de choses. La première est liée à un ami argentin, qui vit en Suisse lui aussi, depuis 5 ans, et qui m’a alors dit “c’est le moment de faire quelque chose ; passons ensemble le permis moteur car, pour naviguer à la voile, il faut avoir une place de port, or c’est vraiment très difficile ici, avec une liste d’attente de plus de 10 ans”. Il continue et me dit : “mais si par contre on achète un bateau à moteur, c’est possible, il y a à tel endroit une marina privée, et si on achète le bateau chez eux, ils proposent une place de port”. Je n’aime pas trop naviguer en bateau à moteur mais c’était une manière de retourner sur l’eau, et je me suis laissé convaincre. J’ai commencé à suivre des cours, pour réapprendre ce que je connaissais déjà, mais cette fois en français et avec en même temps des particularités locales à intégrer. Mais très vite, je me suis dit “le bateau à moteur c’est bien pour avoir les pieds sur l’eau mais ce n’est pas mon truc”. Donc j’ai acheté un Laser, j’en avais eu un auparavant en Argentine, ça m’a permis de recommencer à naviguer pour de vrai, à la voile, et en quelque sorte de revenir aux fondamentaux.
En regardant l’océan
Quelques mois plus tard, la première vague du coronavirus était partie et on est allés en vacances à Cadix, en Espagne. Je me souviens, sur la plage, au bord de l’Atlantique, qui a cette couleur spéciale, la même qu’on observe du côté argentin et que je trouve très différente de la Méditerranée. Je ne suis pas un expert, mais je trouve qu’il y a vraiment une énergie différente. Et donc, en regardant l’océan, je me suis souvenu de tous mes rêves quand j’étais jeune. Ma femme Daniela arrive à ce moment et me dit “tu te souviens que quand on s’est connus tu voulais faire le tour du monde à la voile ?”. Je m’en souvenais bien évidemment et je lui dis : “Oui, bien sûr, et je pense que le moment est venu… Les enfants ont grandi, et ce coronavirus nous montre qu’il ne faut rien prendre pour définitif dans la vie”. Et là ma femme me répond : “c’est OK pour moi, on y va” ! Ce même jour, j’appelle un autre ami argentin, qui vit en Argentine, on se connaît depuis plus de 20 ans ; je lui raconte, et lui dis “Santi, je cherche un bateau, j’ai regardé tel et tel modèle”. Il me répond : “Arrête ! J’ai ce plan moi aussi d’acheter un voilier, cela fait deux ans que je recherche des informations sur le bateau qu’il me faut, j’ai enquêté là-dessus pendant des mois. J’ai encore quelques questions, mais si tu veux, limite toi à ça, à ça et à ça”, et alors il me cite les noms de trois modèles construits par des chantiers européens.
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Un choix réfléchi
Je voulais un bateau plus grand, Santi en voulait un plus petit ; lui cherchait un voilier d’une longueur maximum de 46-47 pieds, je visais pour ma part un 60 pieds. Il me dit “non, 60 pieds, pour toi, c’est trop grand, tu vas beaucoup naviguer seul ou en couple, il faut que tu choisisses un modèle moins grand”. Mon ami a partagé avec moi le fruit de ses recherches ; j’avais effectué les miennes, beaucoup plus limitées, et on a mis le tout ensemble, puis on a fait une “short-list”. Je voulais un bateau en aluminium mais, dans mes souvenirs, tous les bateaux en alu que j’avais vus en Argentine étaient hyper moches, avec une coque carrée, et mal entretenus. en plus de cela. Je voulais un bateau joli, sûr, performant… c’est alors que Santiago m’a dit “il faut que tu regardes la production du chantier Allures”. Je parle là de mi-fin juillet 2020. On a alors fait beaucoup de visioconférences avec Santiago. Je lui dis : “on y va, moi je veux agir, je ne souhaite pas attendre”. Il me répond : “non, sois patient, on a besoin d’encore deux ans”. Et je lui dis : “ah non, c’est maintenant ou jamais”.
“Quand on a visité le chantier Allures, on a tout de suite vu la performance, la qualité, le professionnalisme”
Une décision forte et rapide
Nous sommes venus à Cherbourg avec mon épouse fin août 2020 : on avait planifié de visiter aussi un autre chantier en Angleterre. La possibilité de traverser la frontière depuis la Suisse étant limitée, nous avons fait le voyage en voiture, on ne voulait pas prendre l’avion. Quand on a visité le chantier Allures, on a tout de suite vu la performance, la qualité, le professionnalisme qui régnaient autour de nous. On a aussi bénéficié d’un excellent accueil, et quand on a vu la manière dont vous traitez les bateaux, le matériel, la compétence… tout cela a joué dans notre décision. Et d’ailleurs, on n’a même pas cherché à voir les autres chantiers qu’on avait identifiés auparavant ! J’avais l’expérience d’avoir construit un bateau en Argentine, et le mot professionnalisme ne s’applique pas là-bas, au moins avec le chantier en question, mais hélas je dirai que c’est le cas avec presque tous les chantiers du pays. Ce sont souvent des chantiers familiaux, c’est génial, je n’ai rien contre cela, mais là où la première génération fait les choses avec beaucoup de conscience et d’efforts, on voit que trop souvent la deuxième génération brûle tout, et dans ce qu’ils brûlent, il y a ton argent et aussi hélas, la qualité. Ça ne marche pas, j’ai eu vraiment beaucoup de soucis de qualité.
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La promesse d’émotions futures
En venant ici, je suis tombé amoureux de ce compromis entre l’aluminium, la manière de traiter ce matériau, l’élégance du bateau, le dessin de carène en forme, tout cela. On a signé le contrat le lendemain du jour où nous sommes venus, ça n’a pas pris longtemps.
“La promesse de ce bateau, quand je me vois à bord, c’est de pouvoir réaliser mes rêves”
La promesse de ce bateau, quand je me vois à bord, c’est de pouvoir réaliser mes rêves. Nos plans sont, à partir du printemps 2022, et pour la première année, de naviguer en Méditerranée, afin de prendre le temps de se connaître et de tomber amoureux les uns des autres, réciproquement, nous et le bateau. Ensuite, en décembre 2023, nous ferons la traversée de l’Atlantique et, à partir de là, une fois aux Caraïbes, nous aurons le choix entre deux options. La première est de traverser le canal de Panama et de faire un tour du Pacifique et après on verra. La deuxième option c’est sans surprise celle que je préfère est de faire cap au sud, le long de la côte brésilienne, vers l’Argentine. L’arrivée à Buenos Aires avec mon bateau sera un moment fort. Après, j’aimerais descendre jusqu’à la Patagonie, aller aux Malouines, c’est un endroit que j’ai souhaité visiter toute ma vie (pour nous c’est les Malouines, pas les Falklands !) et bien sûr franchir le Cap Horn, pour cocher cette case. Ensuite, on verra : soit on remontera l’Atlantique, soit on gagnera le Pacifique, probablement en empruntant les canaux chiliens. Rien n’est fixé car on parle ici de plusieurs années, mais une chose est sûre c’est que cela représente un programme très fort en émotions pour nous !
Une belle histoire d’amitié
Quand on a dit à Santi qu’on avait signé le contrat avec Allures Yachting, il a senti la pression : on l’a poussé un peu ; je crois en fait qu’il n’avait vraiment pas besoin d’être poussé, mais que, venant de nous, il en avait envie, c’était pour lui une manière d’aller au bout de l’histoire, qui est aussi une histoire commune. Et du coup, on s’est fait la promesse de naviguer ensemble, de faire la traversée de l’Atlantique à deux bateaux, bord à bord. Il y a là un côté émotionnel, mais aussi un aspect réconfortant, sécurisant, car c’est un super bon marin. Il y a beaucoup de gens avec lesquels j’aimerais faire des choses importantes dans ma vie. Mais il y en a peu qui, comme Santiago, à la fois, rentrent dans cette catégorie et qui, en même temps, soient de bons marins.
Voilà toute l’histoire, et je suis d’accord pour dire que c’est aussi une belle histoire d’amitié.


L’Allures 44 Opale a franchi le passage du Nord-Ouest : 5/5 — De l’Arctique à l’Antarctique
Entre voile et moteur, quel mode de propulsion l’emporte sur ce tracé ?
“Pour ce franchissement du passage du Nord-Ouest effectué en août 2019, nous avons navigué 90% du temps à la voile entre Saint-Pierre et Miquelon et Paamiut au Groenland, 50 % du temps à la voile le long de la côte du Groenland, 70% à la voile entre Upernavik (Groenland) et Pond Inlet (Nunavut), puis 90% au moteur de Pond Inlet à Cambridge Bay, où de toute façon nous étions dans les glaces. Et encore 50% au moteur de Cambridge Bay à Tuktoyaktuk, puis 80% à moteur de Tuktoyaktuk à Nome (voir la carte ci-dessous). En fait sur cette dernière partie, soit il y a beaucoup de vent et dans ce cas on s’abrite dans un mouillage, soit il n’y a pas de vent et on avance à 2 nœuds avec courant contre, ou bien on met le moteur pour ne pas arriver trop tard en saison dans la mer de Béring. Mais ça, nous le savions avant de partir, il faut l’accepter sinon, on n’y va pas.
Il est très important d’avoir des réserves significatives à bord, pour être en mesure de gagner le point suivant si les réserves font défaut à une étape donnée.
Ensuite, en mer de Béring, de Nome à Sand Point, nous avons évolué tout le temps à la voile, avec pas mal de dépressions. Cela représente tout de même globalement environ 70 à 80 % de navigation au moteur sur l’ensemble du parcours.” Alors évidemment, la nécessité s’impose d’avoir à bord une forte autonomie énergétique. Cela, au moyen de bouteilles de gaz dont les normes et caractéristiques - c’est à savoir - diffèrent sensiblement d’un endroit à l’autre du parcours, mais aussi et surtout par le fait de pouvoir stocker à bord d’importantes réserves de carburant : “Il se peut même qu’une année il n’y ait pas de gasoil disponible à un point de ravitaillement placé sur la route, car le bateau ravitailleur n’est pas passé, et donc il est très important d’avoir des réserves significatives à bord, pour être en mesure de gagner le point suivant si les réserves font défaut à une étape donnée. Les cuves de pétrole sont d’ailleurs la première chose que tu aperçois en arrivant dans ces villes et villages, au Groenland comme au Nunavut.”

Aperçu du journal de bord d’Opale
L’importance relative de la part de navigation opérée au moteur se confirme à la lecture du journal de bord de Opale, fort instructive sur quantité d’aspects. Les infos griffonnées là avec précision par l’équipage touchent indifféremment (et au-delà des traditionnels relevés de météo, de route ou de position), à la vie à bord, aux conditions climatiques, aux observations sur les glaces, à l’effet des marées, à la durée quotidienne d’ensoleillement, ou encore aux péripéties advenues à des voiliers amis rencontrés sur le parcours.

Ainsi, la page du journal en date du 13 août 2019 (reproduite ci-après) fait mention d’un vent très variable en force et en direction, de 3 à 17 nœuds, mais aussi d’une vitesse de 4 à 6 nœuds, atteinte indifféremment sous grand-voile et solent ou au moteur. On y prend aussi des nouvelles d’un bateau ami, Altego II, un solide biquille en acier de 16 m enregistré en Slovaquie et skippé par le circumnavigateur tchèque Jiří Denk, avec lequel une séance de photos est tout d’abord réalisée. Voilier dont on apprend plus tard dans la journée qu’il est bloqué par les glaces, ce qui entraîne pour Opale l’écriture de la mention “Demi-tour pour s’éloigner de la côte car Altego II est bloqué par les glaces”. Les relevés de température de l’eau, effectués à intervalle régulier toutes les deux heures, font quant à eux, par effet miroir, état d’une baisse continue, signe de la proximité des glaces. Le récit de cette journée vécue cap au sud dans le détroit situé entre l’île du Prince de Galles, à l’ouest, et Somerset Island, à l’est, soit entre 74° et 72° N, s’achève d’ailleurs par une appréciation laconique pleine de bon sens : “Le sud de Barth Island est coincé > Route West pour s’éloigner de la côte et contourner le pack de glace”.
Quelques souvenirs fastes ?
Je retiendrai évidemment de bons moments passés avec l’équipage, à découvrir ensemble un territoire et un milieu exceptionnels. Nous étions deux à bord avec Bénédicte jusqu’à St Pierre et Miquelon. Puis, de St Pierre à Nuuk, quatre copains nous ont rejoints et nous étions donc six à bord. Puis à Nuuk, trois de ces amis sont partis, le second chef de quart est resté, et trois autres équipiers sont arrivés, dont ma fille Claire. Nous avons dû laisser partir un équipier à Pond Inlet, car il ne pouvait prendre le risque de se mettre en retard pour des motifs professionnels, et donc nous étions cinq de Pond Inlet à Nome, où l’essentiel de l’équipage est reparti, et ensuite sur le segment Nome - Sand Point, nous étions de nouveau deux avec Bénédicte.
Un autre point a été le lien fort créé avec les équipages de bateaux amis, avec un sens de l’entraide très plaisant, reposant sur un partage d’information à flux tendu : cet état d’esprit et cette solidarité constante avaient pour nous une vraie valeur, autant pour la sécurité de tous que pour le plaisir de l’échange, comme par exemple avec les équipages d’Altego II, de Morgane, de Breskell et aussi d’Alioth qui a laissé son bateau à Sand Point comme nous.Et puis les paysages nous ont fortement marqués, surtout dans les zones où le trait de côte est le plus découpé, et nous avons pu en profiter sous cette lumière si particulière de l’été arctique. J’ai d’ailleurs pu capter pas mal de scènes, y compris avec mon téléphone portable dont la qualité de restitution photographique m’a agréablement surpris. Par parenthèse, contrairement à Altego II et Breksell, je n’avais pas de drone pour filmer Opale dans ces magnifiques paysages mais j’en ai acquis un depuis.
Il faut avoir en tête qu’il est préférable d’arriver en Alaska (Iles Aléoutiennes) au plus tard à la seconde moitié de septembre car ensuite la météo en mer de Béring peut être très difficile.
Enfin le silence, les grands espaces, ce sentiment d’immensité partout alentour, sont à n’en pas douter les souvenirs les plus forts que nous avons ramenés de cette traversée.Le vrai intérêt en termes de navigation réside essentiellement sur la côte du Groenland, qui est la plus extraordinaire pour ses paysages, ce qui fait qu’elle mérite le voyage à elle seule. Navigation et paysages sont également très intéressants au Nunavut, c’est à dire sur la première partie du passage du Nord-Ouest en tant que tel, entre Lancaster Sound et Cambridge Bay, jusqu’à Gjøa Haven disons. Car, ensuite, la côte nord de l’Alaska, entre Cambridge Bay et Nome, est assez plate voire même inintéressante, avec beaucoup de vents contraires et des paysages sans relief, et donc peu de perspectives en termes d’émotion visuelle et d’ailleurs aussi un certain dépouillement en matière d’escales. C’est pourquoi, de ce point de vue de l’intérêt de la navigation en elle-même, il est important de prévoir, comme on l’a dit auparavant, un calendrier général de l’expédition assez ample, ce qui permettra de se positionner suffisamment en amont, à la fois pour bien profiter du littoral groenlandais, qui le mérite réellement et peut constituer un but en soi, et pour être certain de bien se trouver sur zone au moment propice, c’est à dire à partir de fin juillet, avec un espoir de franchissement effectif de la zone dure vers la mi-août. Il faut avoir en tête qu’il est préférable d’arriver en Alaska (Iles Aléoutiennes) au plus tard à la seconde moitié de septembre car ensuite la météo en mer de Béring peut être très difficile.
Et pour conclure ?
Marc et Bénédicte apportent une preuve supplémentaire qu’il est possible pour des plaisanciers de triompher à bord de leur voilier du passage du Nord-Ouest, ce parcours auréolé de mythes, fertile facteur d’imaginaire maritime en même temps qu’il est coupable de nombre de tragédies. Et donc de faire mentir les sages de l’Antiquité qui, tel Virgile, voyaient dans les confins septentrionaux marqués par les “terres ultimes” de “l’Ultima Thulé” (nom repris par Jean Malaurie), les limites du monde anthropisé, au-delà duquel régnait l’inconnu, et dont la simple évocation ouvre encore aujourd’hui un immense territoire de rêve.
Il ne faut pas croire que ce succès ait convaincu Marc et Bénédicte d’avoir rejoint une caste élitaire, un club de “happy few” auteurs d’exploits inégalables, bien au contraire. Marc Pédeau l’a d’ailleurs clairement indiqué lors d’une présentation de ce périple en décembre 2019 auprès de la communauté des propriétaires de voiliers construits par le groupe Grand Large Yachting : il est là pour transmettre et partager en toute simplicité, et loin de lui l’idée de se poser en donneur de leçons qui tirerait un quelconque avantage de son expérience, pourtant considérable, de la navigation arctique.
Il serait tout autant erroné de penser que l’attrait de Marc et Bénédicte pour le Septentrion (1) soit exclusif.
Ainsi, ce franchissement du passage du Nord-Ouest s’inscrivait dans une navigation au périmètre bien plus étendu, comme l’exprimait Marc en octobre 2019 dans un e-mail à Grand Large Services, l’entité spécialisée dans les services aux navigateurs, notamment en charge de l’accompagnement des clients du chantier Allures Yachting :
“Sur une période de 15 mois, nous aurons donc rejoint le Cap Vert (via Galice, Portugal, Madère, Canaries), traversé l'Atlantique entre le Cap Vert et la Martinique, navigué dans les îles des Caraïbes, visité Cuba puis rejoint les USA via les Bahamas, remonté la côte ouest des États-Unis en passant par New-York, navigué dans le Maine, en Nouvelle Écosse, à Saint-Pierre et Miquelon, à Terre-Neuve, puis au Groenland avant de réaliser le passage du Nord-Ouest : en tout 16.000 miles”. Mail qui s’achève en ces termes : “Ce message, aussi, pour vous remercier pour votre aide et grande réactivité à divers moment du projet : envoi de matériel, conseils, travail sur l’opportunité de mettre une protection d'hélice pour la glace (que nous n'avons finalement pas installée)”.

De même, le prochain projet de navigation de Marc et Bénédicte est déjà établi et il s’écarte nettement du grand Nord, bien qu’il soit pour l’instant sans cesse remis pour cause de crise sanitaire, avec comme conséquence le fait qu’Opale, à la date de parution de cet article, était toujours bloqué à Sand Point. Cette future expérience tient en peu de mots et beaucoup de milles : il s’agit, au départ de l’Alaska qu’ils prévoient de parcourir avec minutie, de pouvoir ensuite longer la côte ouest américaine puis, partant de San Francisco, de viser le Mexique, la Polynésie et la Nouvelle Zélande. Et, de là, d’effectuer la traversée du Pacifique sud vers la Patagonie puis la Péninsule antarctique.
Il est peu étonnant de retrouver l’Antarctique comme destination figurant en bonne place dans les projets de Marc et Bénédicte à bord de leur Allures 44. Car ce continent blanc, même réduit à la langue de terre qu’est la Péninsule antarctique faisant face à la Patagonie, accumule les références là encore quasi mythiques dans l’imaginaire de tout navigateur - réel ou rêvé. Cette magie du grand Sud opère notamment dans les livres, depuis la relation de l’odyssée d’Ernest Shackleton et son équipage à bord de l’Endurance entre 1911 et 1914, jusqu’aux pages de Gérard Poncet et Jérôme Janichon qui, à bord du célèbre Damien, entreprirent en 1969 un périple de 55 000 milles davantage tourné vers l’accomplissement personnel que vers la performance sportive, délaissant tout visée héroïque à l’image de leur contemporain Bernard Moitessier. Ces mêmes Poncet et Janichon qui ont été les premiers plaisanciers modernes à couvrir à la voile un éventail de latitudes s’étendant entre 80° Nord et 68° Sud et que les aficionados ont eu plaisir à revoir à la Rochelle, aux côtés de leur Damien dûment restauré, lors du dernier Grand Pavois en date, en septembre 2019, alors même que Opale gagnait Sand Point, en Alaska.
Que les latitudes extrêmes soient australes ou septentrionales, elles sont dotées d’un pouvoir d’attraction exceptionnel. Les embruns du grand large, le rêve des pôles et les nuances infiniment variées des glaces, pourtant partout en péril, font décidément bon ménage. Un grand merci à Marc Pédeau et Bénédicte Michel de nous y avoir conduits en nous partageant ce récit et ces images, qui contribuent avec faste à enrichir notre imaginaire de la grande croisière.
(1) Septentrion : désignation issue du latin et se rapportant aux “sept bœufs” — septem triones — qui formaient dans la tradition de l’Antiquité romaine la constellation circumpolaire de l’hémisphère nord, aujourd’hui désignée sous le terme de Grand Ourse. Source : https://fr.wiktionary.org/wiki/septentrion
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L’Allures 44 Opale a franchi le passage du Nord-Ouest :4/5 — De la notion de risque en navigation
Quelles furent les principales difficultés de navigation rencontrées ?
Il apparaît vite que la navigation n’est pas un point bloquant pour Marc, qui déclare : “J’ai appris à naviguer avec rien, à l’époque il n’y avait pas de GPS mais une Gonio et donc j’ai acquis les bases de la navigation aux instruments, en autonomie, mais j’aime aussi à utiliser les moyens et les technologies actuels. Et de toute manière, le passage du Nord-Ouest est accessible par une route prédéfinie, qui ne laisse pas énormément de latitude en termes de trajectoires globales.”
Il est vrai que dans ces contrées comme d’ailleurs dans la plupart des zones de navigation fréquentées par les pratiquants de grande croisière, le bon sens incite à adhérer sans réserves aux préceptes énoncés par l’astronome italien Cassini (1625-1712), qui disait : “Il vaut mieux ignorer où l'on est et savoir qu'on l'ignore, que de se croire avec confiance là où l'on n'est pas”. Sagesse que Marc Pédeau, à coup sûr, ne renierait pas : “Nous avons franchi le passage du nord-ouest dans des conditions qui nous ont permis de faire de la vraie navigation, tout au moins sur la première partie du parcours, comme par exemple sur la côte ouest du Groenland, où nous n’avons fait qu’emprunter des passages intérieurs avec un balisage assez symbolique mais néanmoins efficace. Il était nécessaire de mener une navigation très scrupuleuse, y compris à vue, car la cartographie numérique est parfois imprécise, voire fausse, au point où nous nous basions sur deux systèmes de cartographie distincts. On naviguait dehors à vue, en s’aidant des outils numériques.”
Il était nécessaire de mener une navigation très scrupuleuse, y compris à vue, car la cartographie numérique est parfois imprécise, voire fausse, au point où nous nous basions sur deux systèmes de cartographie distincts. On naviguait dehors à vue, en s’aidant des outils numériques.”
Il faut aussi compter sur ce tracé avec des régimes de courants assez significatifs. Au Groenland, de ce point de vue, ces derniers nous étaient plutôt favorables, puis au Nunavut cela était encore gérable, et nous avons ensuite rencontré des régimes de courants toujours contraires à partir de Cambridge Bay, et donc sur toute la fin du parcours, laquelle est tout de même assez longue avec environ 1 900 milles de Cambridge Bay à Nome. Sur ce segment de route, nous avons parfois eu à affronter des flux très forts, et ce plus encore à l’approche du détroit de Béring, ou il faut faire face pour franchir certains caps à des courants contraires de 5 nœuds et plus -et pouvant dans certaines conditions auxquelles nous n’avons heureusement pas été confrontés, atteindre les 16 nœuds.”
Pour le navigateur, la quantification du risque est un enjeu permanent, et il faut jouer de multiples facteurs entre météo, courants, état de la mer, du bateau et de l’équipage, avitaillement, autonomie en énergie, connaissance de l’environnement, voire même fiabilité de l’information… À quoi, dans le cas de ce franchissement du passage du Nord-Ouest, il faut ajouter l’étude des conditions de glace, qui représentent un critère d’importance centrale sous ces latitudes.”

Précisons que le fait de s’aventurer par près de 75°N dans le dédale des îles du Nunavut nécessite quelques connaissance préalables, car la terminologie et les normes de description desdites “conditions de glace” sont assez complexes. Ces données sont normalisées par l'Organisation météorologique mondiale, et reprises de manière très didactique par le site de référence proposé par le gouvernement canadien sur la zone Arctique canadienne. On y trouve un niveau de connaissance assez pointu autour de la glaciologie arctique, de la manière de décrire la glace, sa formation, son âge, son évolution, ses caractéristiques… et cela s’accompagne de dispositifs de surveillance marqués par l’émission régulière de bulletins de prévision très opérationnels, qui nécessitent une bonne étude préalable pour pouvoir être compris et correctement interprétés.
En quoi la présence de glace renforce-t-elle les risques encourus ?
“Le risque principal est bien évidemment de rester bloqué par les glaces, du fait notamment d’une mauvaise information, ou d’une mauvaise interprétation de l’information. Au Groenland, nous n’avons pas eu de souci particulier de ce point de vue car il y avait peu de glace. Les icebergs étaient concentrés surtout autour de la baie de Disco, où de nombreux glaciers déversent des blocs de toute forme et d’une étonnante variété de teintes, tous plus beaux les uns que les autres. Au Nunavut, nous avons pu profiter des informations émises par le Service canadien des glaces et accessibles via le réseau Iridium. Il s’agissait principalement de cartes des glaces donnant la concentration et la qualité des glaces (jeune glace, vieille glace, ….) ; ces cartes sont essentielles pour la navigation dans cette zone.

Le Service canadien des glaces émet également un document texte léger, donnant les prévisions d’ouverture des glaces : le document publié début juillet nous donnait ainsi des projections d’ouverture sur tout le passage. Il se trouve d’ailleurs que ce document donnait des prévisions moins optimistes que la réalité effectivement observée sur place. L’accessibilité de ces données représente un atout évident pour qui veut réussir le passage du Nord-Ouest, avec un niveau d’information très intéressant, mais cela ne garantit aucunement le succès, et si dans tous les cas tu n’es pas sur zone à une période où cela est praticable, tu ne pourras te présenter au moment propice. Il faut donc convenir que nous avons eu la chance de bénéficier cet été-là de conditions favorables. En fait, si on regarde l’état du pack sur les 20 dernières années, on peut dire que c’était une année moyenne en terme de glace.”
L’accessibilité de ces données représente un atout évident pour qui veut réussir le passage du Nord-Ouest, avec un niveau d’information très intéressant.
La synthèse du Résumé saisonnier sur les Eaux arctiques de l’Amérique du Nord portant sur l’été 2019 et publié après la saison par le Service canadien des glaces, ne dit pas autrement : “En raison de la fracture précoce de la glace dans le sud-est de la mer de Beaufort, le nord de la baie de Baffin et le nord-ouest de la baie d’Hudson, les conditions glacielles (sic) ont été inférieures à la normale au cours de la première partie de la saison 2019. En fait, la diminution rapide de l’étendue de la glace dans la région du sud-est de la mer de Beaufort est attribuable aux vents forts et persistants du sud-est durant la dernière partie du mois de mai. Par conséquent, cela a occasionné le déplacement de la banquise vers le nord-ouest. Les températures sur la région ont été également bien supérieures à la normale durant ce mois (de mai). (…) À partir de la fin du mois d’août jusqu’au début du mois de septembre, la majeure partie du passage du Nord-Ouest était en eau bergée ou en eau libre”.
Et le froid dans tout cela ?
“Nous n’avons pas énormément souffert du froid sur la partie du passage du Nord-Ouest proprement dit. Nous avions eu beaucoup plus froid auparavant, dans le Maine et en Nouvelle Ecosse, car notre chauffage à gasoil Reflex ne fonctionnait pas normalement du fait d’une arrivée d’air déficiente. Le matin il faisait 2°C et dans la journée au maximum 8/10 °C dans le bateau.
Un système de chauffage efficace est essentiel pour quiconque tente ce parcours
Quand le poêle a été réparé par un copain génial, à partir de St-Pierre-et-Miquelon, nous avons pu mettre le chauffage au mouillage. En navigation, il faisait assez doux, disons entre 5 et 8, voire 12 à 15°C ; le froid n’a donc pas été un réel problème, même si nous étions très couverts. Mais attention, un système de chauffage efficace est essentiel pour quiconque tente ce parcours. On s’intéressait aussi beaucoup à la température de l’eau, sachant qu’elle représente un indicateur précieux de la proximité des glaces. Et évidemment, quand on relève une température de l’eau environnant la coque à 1,5°C, il est clair qu’il ne fait pas très chaud à l’intérieur, mais cela n’a jamais été si pénible à supporter au Groenland et dans le passage.”

Suite et fin de cette série : L’Allures 44 Opale a franchi le passage du Nord-Ouest : 5/5 — De l'Arctique à l'Antarctique


L’Allures 44 Opale a franchi le passage du Nord-Ouest : 3/5 — Les conditions de la réussite
Quel voilier choisir ?
Les motivations de Marc Pédeau et Bénédicte Michel à tenter le passage du Nord-Ouest étaient, nous l’avons vu, solidement ancrées plusieurs années avant qu’ils ne tentent l’aventure. Et pour eux, le moment est venu nous sommes alors en 2014 de choisir un bateau. Deux éléments clés figuraient au cahier des charges d’acquisition de ce voilier, sélectionné avec soin parmi les occasions proposées par différents spécialistes : “Le matériau de construction devait être l’aluminium ; cela a été un choix tout à fait spontané, pour des questions élémentaires de sécurité et de résistance mécanique face à l’éventualité, toujours à prendre en compte, de frottements importants voire d’un impact violent avec la glace. De même, nous recherchions un dériveur intégral, pour pouvoir nous abriter au fond des mouillages et être le mieux protégés possible en cas de mauvais temps, voire si un coup de vent catabatique survient.” Résultante de ce processus, Marc et Bénédicte acquièrent Opale, un Allures 44 d’occasion, construit en 2011 et portant le n° de coque 43 de cette série née en 2003 avec les débuts du chantier Allures Yachting : “Le dernier des Allures 44”, précise Marc et il est vrai que ce modèle fut après 2011 remplacé par le Allures 45.
Une fois résolue cette question cruciale du choix du voilier, et sans nous apesantir sur les étapes de préparation technique d’un Allures aux conditions de grand froid, reste à décider du calendrier global du projet et donc d’une date de départ, facteur clé quant au succès de l’opération.
Quand partir ?
“Un point décisif pour la réussite de l’entreprise est de prévoir une durée globale importante, avec au moins deux mois et demi à trois mois de disponibilité, calée sur la fin de l’été en hémisphère nord. Ainsi, nous avons appareillé le 1er juillet de Nuuk, et sommes arrivés le 22 septembre à Sand Point.
Il faut surtout considérer qu’aller au Groenland est une navigation en soi, qui peut prendre plusieurs semaines d’une traversée exigeante pour l’équipage d’un bateau qui partirait de France, et que, à l’autre extrémité, le fait de laisser le bateau en Alaska, comme nous l’avons fait à Sand Point, ne s’improvise pas, loin de là.
Notre chance est que, étant à la retraite, nous avons du temps ; ainsi, en juin 2018, nous étions au Cap Vert, à Noël 2018 en Martinique, nous avons passé 3 mois aux Caraïbes et à Cuba, puis avons atteint la côte est des USA à fin mars 2019 et, de là, avons entrepris le passage du Nord-Ouest”.
“Pour ce qui concerne cette tentative, l’année précédente, le passage était resté fermé, un voiler a même coulé à l’entrée de Bellot Strait, pris par des glaces et dérivant très rapidement à cause du courant très fort dans le détroit ; les deux marins ont dû être sauvés par hélicoptère. En 2019, nous sommes passés par le Peel Sound au sud de Resolute Bay et non par Bellot Strait, qui, cette année ne s’est pas ouvert avant le Peel Sound contrairement à ce qui arrive le plus souvent. Début juin, nous avons quitté St Pierre-et-Miquelon ; le 1er juillet, nous étions à Nuuk, capitale du Groenland. L’important est d’être clair avec l’idée qu’il faut partir, mais en restant conscient que rien n’est garanti. On s’était donné une date limite pour voir si cela s’ouvre dans la zone dure : nous avons fixé cette date couperet au 18 août 2019, à peu près comme l’avait fait Jimmy Cornell en 2015 à bord de son Garcia, après une première tentative infructueuse. Et nous sommes passés !”
“Dans Le Lancaster Sound, la glace s’ouvre au fur et à mesure depuis l’est vers Resolute Bay à l’ouest à partir de début août jusqu’à mi-août, et ensuite elle s’ouvre soit vers Regent Inlet jusqu’à Bellot Strait, soit par le Peel Sound. Le vrai cœur du passage, entre Bellot Strait et jusqu’à Cambridge Bay, s’ouvre en principe autour de mi-août - ça peut être le 8 comme le 12 voire le 20 août ou encore plus tard. Nous sommes partis de Burnett Inlett, dans Lancaster Sound, le 12 août, nous avons fait route sans nous arrêter de manière à n’être pas coincés par les glaces, nous sommes passés par Peel Sound, et sommes arrivés à Cambridge Bay le 18 août, soit 6 jours de navigation intensive et de veille pour franchir la zone clé.”
Ce calendrier d’expédition “type” semble représenter une base valable pour l’ensemble des tentatives de passage du Nord-Ouest auréolées de succès ces dernières années. Il était aussi celui choisi par des équipages qui ont dû renoncer, comme ceux qui ont programmé leur tentative l’été 2018, année où la glace ne s’est pas ouverte.
Reste à savoir si ces dates théoriques seront sujettes à des bouleversements avec la question du réchauffement climatique. Marc Pédeau : “Le réchauffement climatique joue certes un rôle de manière globale : il est établi que le volume global de la banquise baisse régulièrement sur le moyen terme (l’année 2020 est d’ailleurs la seconde année avec le moins de banquise autour du pôle depuis que ces données sont étudiées), et cela tend à augmenter les chances de pouvoir passer, mais s’y surajoutent des phénomènes météo locaux, comme des dépressions qui cassent de la glace et donc favorisent la fonte, ou au contraire déplacent le pack et peuvent localement boucher toute issue vers l’ouest. La nature commande, il est primordial de ne pas l’oublier.”
“Et donc il faut partir en se disant que rien ne garantit le succès, puis envisager des scénarii de repli si la zone dure ne s’ouvre pas. Par exemple en 2019, dans ces hypothèses alternatives, une des options était de viser la baie d’Hudson, accessible par un passage très étroit, le Fury and Hecla Strait que nous n’avons finalement pas eu besoin de rechercher (le même passage que, en son temps, William Baffin ne parvint pas à trouver) !
C’est pourquoi il faut tenter, espérer que ça s’ouvre, ne pas se poser de question, en se disant que ces routes de repli sont elles aussi des navigations hors norme, même si tu ne peux dans ce cas prétendre avoir franchi le passage du Nord-Ouest proprement dit. Il faut aussi, c’est très important, se donner impérativement une deadline pas trop tardive car si ensuite tu arrives trop tard dans la saison en mer de Béring, cela peut être dangereux.”
Quel équipage ?
“Nous voulions faire le passage en équipage pour pouvoir avoir la possibilité de nous relayer, ce qui dans le cas contraire aurait été très éprouvant dans une telle zone en naviguant à deux. J’alternais la direction des quarts de 4h avec un ami très expérimenté et ayant déjà navigué dans les glaces. Les autres membres de l’équipage alternaient en quart fixe entre Saint-Pierre et Miquelon et Pont Inlet (nous étions six) et en quart tournant entre Pont Inlet et Nome (5 personnes à bord).

”Note : les différents éléments géographiques mentionnés dans ce texte figurent sur la carte reproduite ci-dessus, dont une version grand format est consultable ici
Suite à venir :L’Allures 44 Opale a franchi le passage du Nord-Ouest : 4/5 — De la notion de risque en navigation


L’Allures 44 Opale a franchi le passage du Nord-Ouest : 2/5 — Un projet logique
Il ne vient à l’esprit de personne ici de comparer les mérites et les trajectoires d’explorateurs des siècles passés, pour la plupart restés célèbres ne serait-ce que parce que leurs noms ou ceux de leurs embarcations se retrouvent fréquemment sur les cartes géographiques des territoires du grand Nord et par ailleurs à la tête d’expéditions officielles fortement soutenues et financées par des états ou de puissants armements, avec le projet contemporain de navigation de plaisance, modeste mais bien mené, d’un ingénieur des télécommunications qui, jeune retraité, voit enfin la possibilité d’accomplir avec ses proches un rêve arctique qui l’habite depuis des années.
Il va de soi que l’essor de la navigation de plaisance à partir du XXe siècle, mais aussi le renforcement considérable des moyens de communication et de localisation, tout comme le déploiement de services d’observation et de prévision météorologique et glaciaire, ont rendu cette traversée beaucoup plus praticable en 2019 qu’à l’époque glorieuse et nous l’avons vu, quelque peu maudite des grands découvreurs.
Et si, fort de tout cela, nous ajoutons les effets très nettement perceptibles du réchauffement climatique sur les niveaux d’emprise glaciaire, avec une disparition scientifiquement attestée et fortement documentée par ailleurs de la banquise arctique (voir note en bas de page), nous ne pouvons qu’aboutir à la conclusion que cet exploit n’en est pas un, et que le succès d’Opale n’a finalement rien d’extraordinaire. Et pourtant.
Le profil très discret de Marc Pédeau dissimule une personnalité forte, chez qui la détermination s’associe à la compétence sans qu’il éprouve le besoin d’en faire étalage. Disons que notre homme n’est pas du genre à donner des leçons et à vanter ses faits et gestes, mais plutôt à partager son expérience avec un mélange de générosité, de précision et de retenue. S’il n’est pas rare d’observer chez certains plaisanciers un attrait pour la navigation à voile en tant que telle, plus que pour les destinations qu’elle permet de viser, il nous semble que Marc Pédeau, lui, oscille entre ces deux tendances. D’un côté, dit-il, “j’aime la technique de voile, j’adore la navigation, le réglage du bateau, la capacité à le faire avancer au mieux de ses possibilités”.
De l’autre, il déclare avoir toujours éprouvé “une forte attirance pour les contrées boréales”, et a très vite eu la conviction qu’un voilier sainement conçu et prudemment mené était le moyen idéal pour satisfaire ses envies de découvertes des latitudes septentrionales.
Quarante ans de navigation en mode associatif auprès des bénévoles du Groupe international de croisière (gic-voile.fr) ont conduit Marc et sa compagne Bénédicte vers les côtes de Norvège, d’Islande, du Spitzberg et du Groenland - excusez du peu.
Cette solide expérience de navigation a ensuite joué un rôle central, lorsqu’il s’est agi, la retraite venue, d’acquérir un bateau et de se lancer pour cette expédition, but ultime pour un passionné tout à la fois de voile et de hautes latitudes.Précisons que ce tropisme septentrional se double chez Marc d’un attrait pour la dimension culturelle du grand Nord, qu’il qualifie lui-même de “mythique”. Lecteur en son temps du géographe et explorateur Jean Malaurie, il est conscient de la relation étroite qu’entretiennent les Inuits avec leur environnement, ainsi que de la fragilité croissante du monde arctique du fait du réchauffement climatique.Attentif au monde qui l’entoure mais surtout passionné de navigation, Marc fut également lecteur, dès ses vingt ans, du navigateur néerlandais Willy de Roos qui, en 1977, a été le premier plaisancier moderne à boucler le passage du Nord-Ouest. Route que de Roos effectua en solitaire et en une seule saison, à bord de son cotre en acier de 13 mètres Williwaw.
Et tout porte à croire que la parution, en 1979, du livre de Willy de Roos, “Le Passage du Nord-Ouest : du Groenland au détroit de Béring”, dans la collection “Arthaud mer. Récits et aventures” qui garnit toute bibliothèque marine digne de ce nom, eut sur Marc un effet décisif, bien qu’agissant sur le long terme.Toutes ces raisons expliquent en quoi tenter le passage du Nord-Ouest sur son propre voilier a paru un projet logique à Marc Pédeau, qui déclare :
“Cette route mythique représente un itinéraire ultime, un aboutissement par rapport à la notion même de navigation dans le grand Nord, à laquelle nous avions déjà consacré pas mal de temps avec Bénédicte, entre Spitzberg, Islande et Groenland. Ce projet nous paraissait somme toute plus accessible que l’Antarctique, avec aussi la perception que nous croiserions beaucoup moins de monde aux abords du Nunavut qu’en Patagonie.”
Note : Certaines projections indiquent que la fonte de la glace, plus ou moins rapide selon les secteurs, rend crédible la possibilité d’un passage du Nord-Ouest totalement libre de glaces, pendant 2 à 4 mois, l’été, autour de 2100 (Arctic Council, 2009 : 27).

Note : les différents éléments géographiques mentionnés dans ce texte figurent sur la carte reproduite ci-dessus, dont une version grand format est consultable ici
Suite de cette série :L’Allures 44 Opale a franchi le passage du Nord-Ouest : 3/5 — Les conditions de la réussite


L’Allures 44 Opale a franchi le passage du Nord-Ouest : 1/5 — Histoire d’une route mythique
En août 2019, l’Allures 44 Opale franchissait le passage du Nord-Ouest,
un passage mythique dans l'histoire de la navigation
La question du franchissement du passage du Nord-Ouest est longtemps restée centrale pour la communauté des navigateurs et explorateurs européens, convaincus de pouvoir rejoindre l’Asie en contournant le continent américain par le nord.Trois cents ans durant, la plupart de ceux que se sont aventurés depuis l’Atlantique nord dans ces eaux bordant les îles de l’extrême nord du Canada, à l’est, puis la côte de l’Alaska, à l’ouest, ont été guidés par des considérations économiques et ont le plus souvent vu leur entreprise financée par leurs états respectifs.
Bien que représentant à lui seul un trajet de 4 500 milles, soit trois fois la traversée de l’océan Atlantique, le passage du Nord-Ouest représente en effet le plus court chemin entre l’Europe et l’Extrême Orient, si on considère que, avec 8 500 milles de Londres à Tokyo, cette route maritime représente une économie de 3 000 miles par rapport à l’itinéraire passant par le canal de Suez (11 500 milles) et de plus de 4 000 milles par rapport à la route empruntant le canal de Panama (12 600 milles). Beaucoup de ces explorateurs, même renommés et bien qu’à la tête d’expéditions fortement dotées en hommes et en navires, ont connu l’échec. Le plus souvent, ils furent pris par les glaces, la faim ou encore le scorbut, sans exclure d’autres difficultés, liées notamment aux imprécisions de la connaissance géographique et aux erreurs de la science cartographique, encore balbutiante du XVIIe au XIXe siècle.

Il en est ainsi de Henry Hudson
En 1611, il est persuadé d’avoir atteint les côtes de l’Asie, lorsqu’il débouche sur l’immense baie à laquelle il a laissé son nom et où il perdra finalement la raison et la vie, finissant abandonné dans une chaloupe après une mutinerie.Il en est de même quelques années après pour l’explorateur William Baffin, Anglais comme son malheureux contemporain Hudson. Ce découvreur et pilote émérite tente un première fois l’aventure en 1615, en explorant le nord de l’actuelle baie d’Hudson sans trouver la voie vers l’ouest - qui pourtant existe. Puis, lors d’une seconde tentative menée l’année d’après en 1616, il explore avec minutie le contour du détroit de Davis, entre Groenland et Canada (détroit dont la partie nord sera rebaptisée Mer de Baffin en son honneur) et se persuade finalement qu’un tel passage relève de la chimère.
L’erreur commise par Baffin est d’avoir renoncé à embouquer le "Lancaster Sound”, ce large chenal qui fait face à la côte ouest du Groenland (sur la rive occidentale de la mer de Baffin, justement) et mène très indirectement vers l’ouest - mais lui au moins survivra à ces deux expéditions.

Troisième voyage du capitaine Cook
Cent soixante ans plus tard, l’Anglais James Cook fera de la recherche de ce fameux passage du Nord-Ouest l’enjeu de sa troisième et dernière expédition, de 1776 à 1778. Le glorieux capitaine, explorateur et cartographe a la particularité, au regard de ses pairs, de tenter le trajet dans le sens ouest-est, explorant au passage la côte Ouest américaine. Cook part à la recherche d’un détroit et ne vise donc pas au contournement de l’Alaska et des Aléoutiennes par le nord. Il est en cela induit en erreur par lecture d’une carte russe éditée en 1773 par l’académicien allemand Jacob von Stählin, laquelle, fortement spéculative, faisait de l'Alaska une île séparée de l’Amérique par un large détroit.
Aucun passage ne s’offrant à ses navires Discovery et Resolution et vite confronté à une cruelle réalité glaciaire, Cook devra renoncer : il fera route vers l’ouest puis rejoindra le Pacifique jusqu’à Hawaï et aux îles Sandwich, où l’explorateur meurt en 1779 sans avoir jamais revu sa terre natale.

Expédition John Franklin
Autre grand projet de conquête se terminant mal, voire même en catastrophe, l’expédition Franklin, de 1845 à 1846. Parti de Londres à la tête de deux navires et de 130 marins tous très fortement préparés aux ardeurs du grand Nord, John Franklin tente de trouver la voie tant espérée par le déjà fameux Lancaster Sound, mais en avril 1846, le piège des glaces se referme sur ses deux navires Terror et Erebus, bloqués par le pack pendant plus d’un an. Franklin lui-même et plus de vingt hommes étant morts, les survivants conduits par Crozier quittent les navires et tentent de gagner le sud, en vain. La perte de cette expédition est un échec pour l’Angleterre victorienne et son Amirauté, en même temps qu’elle permet des avancées inattendues pour la cartographie de ces territoires perdus, passés au crible par plusieurs expéditions de secours.
Scorbut, maladie, cannibalisme, ou froid tout simplement : les conjectures sur les causes de la perte de ces hommes et de plusieurs membres d’expéditions lancées à leur rescousse ont été vivaces, au point que l’expédition Franklin donnait toujours lieu, en 2016, à des recherches archéologiques autour des restes de l’équipage, puis des épaves des deux navires, retrouvés en ordre dispersé entre l’île Beechey, sur le Lancaster Sound, et les abords de l’île du Roi Guillaume, 300 km plus au sud.

Expédition Roald Amundsen
C’est finalement avec le XXe siècle et l’explorateur norvégien Roald Amundsen que le passage du Nord-Ouest se livrera. Cette expédition est conduite entre 1903 et 1905 ; le futur vainqueur du Pôle Sud (en 1911) est à la tête d’un équipage réduit et à bord d’un petit bateau de 21 mètres - le Gjøa - qui donnera son nom à Gjøa Haven, abri où il décide sagement d’hiverner. Cette option en style “léger” (possible équivalent du style alpin chez les amoureux de montagne) sera la bonne, permettant à Amundsen, non seulement de triompher de cette difficulté majeure et donc d’ouvrir une nouvelle voie maritime, mais aussi d’approfondir la connaissance occidentale de la culture Inuit, tout en menant des observations scientifiques relatives au pôle nord magnétique. Amundsen a ainsi été le premier à démontrer, à l’occasion de cette expédition, que le pôle Nord magnétique n'a pas une position géographique permanente, mais se déplace de manière régulière (note 1).
Ayant fait jonction le 26 août 1905 avec une baleinière américaine venue de la Côte Ouest, Amundsen peut sobrement mentionner dans le journal de bord du Gjøa :
“La question du passage du Nord-Ouest est résolue”.
Ce qu’ignore l’explorateur, c’est qu’il attisera par cet exploit les rêves de grand Nord chez nombre de navigateurs amateurs, au point que, à la fin 2019, il a été dénombré exactement 313 bateaux de toutes sortes - du voilier au brise-glaces - ayant franchi le passage du Nord-Ouest depuis le début du XXe siècle. Parmi ceux-là, 180 embarcations ont tenté de franchir le fameux passage depuis l’an 2010, et 23 pour la seule année 2019.
Ce trafic en croissance est le signe d’un fort engouement pour cette route maritime qui, avant d'inévitablement se transformer à l’avenir en route commerciale régulière, est devenue depuis quelques années une destination courue, aujourd’hui proposée par des croisiéristes spécialisés et sur laquelle de plus en plus d’intrépides s’aventurent, de manière parfois inconsciente, en scooter des mers, en kayak ou autre esquif à rames, comptant sur le brise-glace de la Garde côtière canadienne pour assurer leur sécurité en cas d’incident.
Nous verrons très vite que Marc Pédeau et Bénédicte Michel, qui ont franchi avec succès le passage du Nord-Ouest en août 2019 à bord de leur Allures 44 Opale et sont parvenus sans incident notable jusqu’au Pacifique, moyennant une détermination certaine à faire route dans le dédale d’îles, de baies et de chenaux qu’est en réalité ce passage, ne sont pas à classer parmi ces inconséquents.
Découvrez la suite de cet article : L’Allures 44 Opale a franchi le passage du Nord-Ouest : 2/5 — Un projet logique


Varatraza II, une formidable fenêtre ouverte sur le monde
Bruno, quelle est l’origine de votre projet de voyage en voilier ?
Avec Catherine, nous avons toujours dit à nos enfants que nous partirions un jour vivre cette aventure en famille qu’est une année de voyage sur l’Atlantique. Alors, si tout n’a pas été simple, ils n’ont pas été surpris quand nous avons pris la décision de réaliser ce qui était un rêve complètement partagé. Nous avons fait nôtre la devise de Bernard Moitessier :
« Tout ce que les gens ont fait de beau et de bien, ils l’ont construit avec leurs rêves. »
Vous avez donc embarqué toute la famille sur Varatraza ?
Varatraza, c’est l’Alizé de l’Océan Indien, là où sont nés William (14 ans lors du départ) et France (12 ans), nos deux aînés. Avec leurs deux petites sœurs, Romane (9 ans) et Paloma (6 ans), nous étions donc six à bord de notre Allures 45.
Quatre enfants, trois cabines, deux par cabines ?
Non, la cohabitation entre William et l’une de ses trois sœurs était trop « risquée » (rires) ! Il avait donc sa cabine à lui, nous les parents la nôtre bien sûr, et les trois sœurs se partageaient la cabine avant qui avait été spécialement aménagée pour cela par le chantier Allures. La paix du bord était à ce prix.
Mais tout s’est bien passé…
Cette histoire, notre histoire, s’est parfaitement déroulée, bien sûr, même si quitter nos parents, leurs grands-parents, la famille au sens large, les amis, les activités a été un moment difficile pour tous. Mais ce que nous avons vécu en douze mois est tellement riche. Et puis nous avons très vite rencontré d’autres familles en navigation, et les enfants se sont encore plus rapidement fait des ‘batoscopains’ comme ils disent, qu’ils retrouvaient d’escale en escale, voire au beau milieu de l’Atlantique comme nos amis de ‘Tiplouf’ ! Et puis le timing était idéal : c’était la dernière année de William au collège, et Paloma venait juste d’apprendre à nager.
Quels moments forts retiennent les enfants de cette année ?
La transat en elle-même, entre Cap-Vert et Martinique, est certainement un souvenir marquant pour eux. Ils n’avaient jamais passé quinze jours consécutifs en mer. Cela reste dans leur mémoire comme un voyage extraordinaire, même si de temps en temps ils en ont eu marre, par exemple quand nous avons déchiré le gennaker dans un grain blanc entre Cap-Vert et Antilles. Cela aura été une extraordinaire aventure, une traversée dont on se rappellera notre vie entière, un moment gravé inoubliable… Les rencontres ont également été importantes.
Alors qu’avant le départ ils avaient peur de se sentir seuls, ils se sont fait plein de copains de leur âge, et l’ambiance aux escales était parfois épique.
Alors qu’avant le départ ils avaient peur de se sentir seuls, ils se sont fait plein de copains de leur âge, et l’ambiance aux escales était parfois épique. Je pense que cela a été pour eux une formidable fenêtre ouverte sur le monde. Quand, en rentrant, ils nous ont dit que cela leur faisait bizarre que tout le monde parle français, cela a été un cadeau extraordinaire ! Et notre petite Paloma qui, à 6 ans, seule sur son cheval, se promène à Cuba, quelle chance ! Enfin l’escale à New-York, où William a fêté ses 15 ans, a été un moment exceptionnel, et découvrir la statue de la Liberté une vraie émotion.

Comment se sont passés les cours à distance avec le CNED ?
Le suivi de la scolarité de nos enfants s’est déroulé sans encombre. Généralement, ils travaillaient tous les matins et étaient plutôt autonomes, les plus grands aidant les plus jeunes, nous n’avions plus qu’à contrôler les évaluations ! Cela fonctionne très bien et le niveau est excellent. Qui plus est, tout ce qu’ils ont appris au quotidien, pendant les traversées, dans les pays visités, par les gens rencontrés est encore plus inestimable.
Et vous, quel pays vous a le plus surpris ?
C’est difficile à dire. Le Sénégal a été un choc c’est sûr. Mais le plus surprenant a peut-être été Cuba. Pourtant on en avait rêvé, nous en avions parlé, de cette escale un peu mythique. Alors quand nous y sommes arrivés, après trois jours de mer depuis la République Dominicaine, non sans avoir caché le téléphone satellite pour qu’il ne soit pas consigné, et après moult formalités, un doux sentiment d'accomplissement nous a même envahis. Pourtant une fois à terre, nous avons vraiment été stupéfaits. C’est comme si le pays était resté figé dans les années 50... Les gens circulent à vélo, à cheval ou en carriole. Les maisons sont très simples, souvent en bois, les petits vieux sont sur le bord de la route, assis dans leur rocking-chair et regardent les gens passer plutôt que la télévision. Chacun vend la petite production de son jardin sur le bas-côté de la route... La société d’hyper consommation n’est pas encore arrivée jusque-là… que c’est reposant ! Cuba nous a littéralement séduits, enchantés, envoûtés...

Vous avez aussi réalisé une mission avec Voiles Sans Frontières…
Quel moment oui ! C’est une mission que nous avions préparé avant notre départ, notamment en collectant des fonds, et il nous tenait à cœur que les enfants s’y investissent et que nous nous rendions sur place, plus précisément dans le village de Siwo dans le Sine Saloum au Sénégal. La remontée du fleuve a été épique avec plusieurs échouements sur des bancs de sable, et William dans l’annexe pour nous en sortir, mais nous sommes finalement arrivés. Et quel accueil mémorable ! Une vraie découverte, un choc des cultures dans des conditions parfois dures pour nous, occidentaux. Nous avons été à la fois enchantés de voir que les projets VSF apportaient une vraie amélioration, dans les écoles notamment, mais également effrayés de tout ce qu’il reste à faire. Il nous en reste mille sourire, des tonnes de gentillesse et tellement de questions sur ce que nous pourrions faire de plus…
Mais la fin du voyage ne s’est pas exactement déroulée comme prévu…
Non en effet. Si nous avions bien mis le bateau en vente, nous avions aussi prévu de faire la transat retour sans les enfants, qui étaient rentrés en France par avion. Et puis un couple Franco-Américain de Washington s’est montré intéressé par l’acquisition de Varatraza. Le contact a été excellent, la confiance réciproque a permis de surmonter les quelques écueils administratifs liés à la vente d’un bateau français sur le territoire américain, et nous avons donc redescendu le bateau vers la baie de Chesapeake. Nous étions très attachés à ce bateau après tout ce que nous avions vécu à son bord, alors cela a forcément été un petit déchirement. Mais nous sommes heureux de l’avoir laissé entre de bonnes mains, pour qu’il vive d’autres aventures.
Nous étions très attachés à ce bateau après tout ce que nous avions vécu à son bord, alors cela a forcément été un petit déchirement. Mais nous sommes heureux de l’avoir laissé entre de bonnes mains, pour qu’il vive d’autres aventures.


Illimité, un tour du monde sur la durée
Gary, d'où vous vient ce projet de tour du monde
J’ai passé une partie de ma jeunesse dans les Keys en Floride à naviguer et à plonger. C’est là que j’ai décidé que je prendrai ma retraite à 55 ans et vivrai à bord d’un voilier. J’ai beaucoup lu de récits de voyages, parlant de rencontres, de cultures formidables, de plongée, de pêche, de pays lointains, et bien sûr de navigation. Qu’est-ce qu’on pourrait ne pas aimer là-dedans ? J’avais l’habitude de dire que j’allais établir le record de lenteur autour du monde !
Comment vous-êtes-vous préparé pour ce long voyage ?
On pourrait dire que la préparation a débuté dans ma jeunesse. Je savais que je devais choisir une profession qui me permettrait d’économiser assez d’argent pour me permettre de prendre ma retraite à 55 ans – j’ai pensé que 55 ans était réaliste financièrement et suffisamment jeune pour avoir la forme physique nécessaire – et ai fini par devenir chirurgien. C’est un métier que j’ai vraiment aimé, mais il y avait toujours dans un coin de ma tête cet objectif à long terme. La véritable préparation a débuté environ 10 ans avant l’achat du bateau. Je n’avais pas beaucoup d’expérience de navigation car j’avais travaillé tellement dur. J’ai donc effectué un stage de 10 jours dans les Iles Vierges Britanniques. J’y ai passé trois certificats qui m’ont alors permis de louer des bateaux. J’ai commencé à louer une ou deux fois par an des voiliers pour acquérir plus d’expérience. J’ai également commencé un fichier de toutes les caractéristiques qui étaient importantes sur un bateau.
Je pense que la lecture des livres de Jimmy Cornell m’a convaincu des avantages des coques aluminium et des voiliers à dériveur intégral.
Puis, un an avant la retraite, je me suis inscrit chez Mahina Tiare Expéditions, avec cinq autres personnes, pour une traversée d’Hawaï à Prince Rupert au Canada. Le but était d’acquérir plus d’expérience du large et avoir une traversée océanique homologuée pour ma future compagnie d’assurance.
Pouvez-vous nous présenter l'équipage d'Illimité ?
Les deux premières années, des amis navigateurs expérimentés se joignaient toujours à moi pour les traversées océaniques ou les longs convoyages. J’ai fait quelques petites navigations en solitaire, mais toujours de moins de 24h, conformément à ma police d’assurance. Je me mettais alors hors-quart, ou seulement sur de toutes petites périodes, mais demandais à être impliqué dans tout changement de voile ou tout autre évènement qui pouvait survenir. De même, comme j’avais réalisé l’avitaillement du bateau, je savais ce que nous avions à bord et où c’était, donc je faisais la cuisine. Puis, en août 2017, j’ai été rejoint aux Tonga par ma compagne, Noëlle, que j’avais rencontré plus tôt dans l’année en Floride. Elle avait déjà effectué quelques semaines de navigation avec moi au Panama en guise de test. Depuis qu’elle m’a rejoint, je n’ai pas eu besoin d’autres équipiers. Nous effectuons des quarts de 3 heures la nuit mais sommes très souples le jour.
Justement, quel rythme avez-vous en navigation ?
Noëlle n’aime pas se coucher après dîner, alors, après que j’ai fini la vaisselle, je me couche à 20h et nous commençons nos quarts de 3 heures. Cela me permet de commencer le dernier quart de 5h du matin, heure à laquelle je sors le sextant et je mets les lignes de pêche à l’eau. Je laisse Noëlle dormir jusqu’à ce qu’elle se lève, puis je fais une bonne sieste à un moment, qui peut varier, dans la journée. Le jour, je télécharge généralement les fichiers météo et envoie notre position de midi si nous utilisons un service de routage. Nous prenons notre petit-déjeuner et notre déjeuner séparément, mais Noëlle prépare toujours un super dîner.
Hors navigations, comment se déroulent vos journées ?
L’entretien du bateau, le nettoyage, la météo, la navigation, et l’avitaillement prennent énormément de temps. J’occupe quelques moments de libre avec de la lecture. J’ai souvent un livre électronique sur l’iPad et un livre papier en cours en même temps. Je dirais que mon vrai passe-temps c’est la photographie sous-marine. Ce qui va bien avec la plongée. J’ai une base de plus de 750 photos qui augmente à chaque plongée. J’essaie aussi de mettre à jour mon blog chaque semaine sur svillimite.substack.com. Un autre loisir quand nous sommes en mer, je m’essaie à la navigation électronique avant chaque lever de soleil. C’est très satisfaisant quand j’arrive à seulement quelques miles de la position GPS avec un alignement d’étoiles ou de planètes.
Quel était votre programme à l'origine ?
Mon programme initial était de plutôt faire un tour du monde assez direct, suivi d’un autre suivant une route plus aléatoire. J’ai à peu près collé au plan jusqu’à ce que nous atteignions l’Australie et que Noelle demande si nous pouvions monter en Thaïlande. Je lui ai dit que non, car nous étions un peu tard en saison pour la mousson. Mais vous savez comment les femmes peuvent être persuasives, alors nous avons accéléré un peu, attrapé une queue de mousson correct et avons atteint la Thaïlande, les îles Andaman en Inde. Nous avions initialement prévu de nous diriger vers Bali et de continuer notre circumnavigation mais nous avons fait demi-tour vers l’Est, et nous profitons actuellement de superbes plongées à Raja Ampat, Indonésie. Après plus d’un an dans la chaleur moite du Sud-Est asiatique, Noëlle dit qu’elle souhaite un peu de fraîcheur. Alors nous prévoyons maintenant de nous diriger vers l’Alaska.

Des surprises sur la route ?
Plein ! Mais je dirais que ma plus grande surprise a été mon émotion initiale. On pourrait penser qu’en atterrissant à Cherbourg pour prendre livraison du bateau de mes rêves en Mai 2015, après des décennies de planification et de préparation je sauterais de joie, tout excité. En réalité, avec tous les changements que j’avais à gérer en même temps, j’ai été un peu naïf de ne pas anticiper une petite déprime. Heureusement, après environ une semaine et mon premier voyage en solo vers Aurigny, sur mon nouvel Allures 45, ce sentiment avait pratiquement complètement disparu.
Avez-vous fait beaucoup de rencontres jusqu'à maintenant ?
Je dois dire que les moments forts de la croisière ce sont les personnes que l’on rencontre. Déjà, il y a plein de navigateurs formidables. Nous en avons rencontré de toutes nationalités et certains sont devenus des amis très proches avec qui nous sommes restés en contact. Les gens sur place peuvent aussi être incroyables. Surtout quand vous sortez des sentiers battus. Tellement de gens arrêtent ce qu’ils font pour vous aider ou pour vous faire découvrir leur pays. Ici, en Indonésie, il n’est pas rare de voir plusieurs pirogues avec des enfants pagayant vers vous et demandant à monter à bord. Bien sûr ils veulent tous faire un selfie avec vous ! Quelquefois, l’histoire est incroyable. Nous avons désormais un très bon ami en Malaisie qui, au départ, nous a proposé de nous conduire rapidement à un magasin. Environ 12 heures plus tard nous terminions de visiter la région et de manger, sans qu’il n’accepte quoi que ce soit en échange. Alors que nous étions en Nouvelle-Zélande, des amis nous ont prêté leur pick-up pendant un mois pour nous balader.
La générosité des gens peut vraiment être extraordinaire.

Quelle est la suite du programme ?
Nous allons quitter l’Indonésie en Janvier, et mettre le cap sur l’Ouest de la Papouasie Nouvelle Guinée où nous espérons trouver de bons spots de plongée. Puis nous remontrons sur la Micronésie, Guam et le Japon. Après avoir contemplé les cerisiers en fleurs nous nous dirigerons vers l’Alaska pour pêcher le saumon. Puis descente vers le Mexique pour l’hiver avec plongées dans la mer de Cortez. Retour alors en Polynésie Française puis vers l’Australie. Nous devrions cette fois mettre cap au Sud, visiter la Tasmanie, et la Nouvelle-Zélande à nouveau. Enfin nous devrions pointer vers l’Ouest et l’Afrique du Sud. Je devais, selon le plan initial, être en Afrique du Sud en Décembre 2018 ; nous devrions y être au plus tôt en 2022, mais je suis sûr que ce planning va aussi changer. C’est l’une des choses que j’adore, nous changeons continuellement nos plans !
Quelques souvenirs indélébiles déjà ?
Oh oui, plein mais si aujourd’hui je devais en partager trois, je pense que ce seraient ceux-là. Un stressant, l’entrée dans le lagon de Samana Cay aux Bahamas, très étroite dans la barrière de corail, que je ne distinguais pas bien à cause des déferlantes dans plus de 20 nœuds de vent. J’étais en solitaire en plus et ne pensais pas la tenter, mais un ami sur un Oyster 46 venait juste de passer et de vérifier que la cartographie était conforme. Sachant que j’avais le bateau réputé le plus solide pour aller partout, comment aurais-je pu me défiler ? Je suis rentré sans problème… ouf ! Je me suis aussi fait une belle frayeur en Australie. Nous étions fatigués d’un mouillage rouleur au large de la côte Est, car le vent avait tourné, alors nous avons levé l’ancre avant le lever du jour. J’ai vite fait mis une route à suivre sur le traceur et nous voilà partis pour Magnetic Island. A un moment, ma plus jeune fille, qui était avec moi à ce moment-là, m’a demandé, vraiment l’air surprise, si c’était bien un rocher là, passant à côté de nous ? Je me suis retourné pour regarder, m’attendant à voir un dauphin, mais découvrant un rocher émergeant des vagues à moins de trois mètres ! J’avais tracé ma route en plein sur Salamander Reef, qui n’était qu’un point couvert par l’épaisseur du trait de route. Nous avons tous été prévenus des risques d’un zoom trop faible sur les cartes électroniques, et je n’aurais jamais pensé me faire avoir. Plus jamais ça !
Enfin, le plus magique sans doute : nous étions sur corps-mort à l’extérieur de Bait Reef, toujours en Australie, quand une baleine à bosse a fait surface et pris sa respiration à moins de 3 mètres de notre bord. Nous avions déjà vu quelques baleines, et Noëlle venait juste de dire que ça serait génial si l’une d’elles pouvait venir plus près de nous. Celle-là était un peu trop proche ! Noëlle n’a même pas pu prendre une bonne photo tellement elle a été surprise.
Les blogs de Gary et Noëlle (en anglais), passionnant et richement illustré, sont consultables ici.


Myriades prend son temps
Un rêve partagé, ancré dans les origines
" Janvier 2020, Argentine, Mar Del Plata, 37 degrés Sud - Dans l’hémisphère Nord nous serions en hiver à la latitude de Séville. Ici c’est l’été, journées chaudes, et c’est surtout la dernière escale majeure avant la Terre de Feu, où nous prévoyons d’arriver fin janvier. Nous avons hâte d’y être maintenant. Laisser derrière nous les soucis ayant un peu retardé notre progression, et mieux profiter de cette parenthèse de trois ans autour du monde, dont nous rêvions depuis si longtemps. Bientôt 18 mois que nous sommes partis, et beaucoup d’éléments se bousculent au moment de les évoquer.
Comment tout cela a commencé ? Dans la tête d’Hervé… Petit déjà, il naviguait dans le Sud de la France, écumait les plans d’eau, sur le navire paternel comme en régate, déjà amoureux de la belle voile. Quant à Mélanie, elle est presque née sur un bateau, au bord du lac Léman, tout en savourant les étés au bord de l’Atlantique. Alors pour nous, l’eau est un environnement presque plus naturel que la terre. C’est dire si le projet a rapidement été partagé, avec enthousiasme et dans toutes ses dimensions.

Prendre le large pour mieux se retrouver
Ce qui nous a poussés à mettre le projet en œuvre ? L’envie de faire un break avec le monde du travail, qui nous a pourtant donné énormément de satisfactions, mais rester dans le moule ‘corporate’ avait de moins en moins de sens pour nous. Le besoin de nous ressourcer et de découvrir autre chose, de reprendre les rênes de notre vie était devenu vital. Avant d’entamer probablement une deuxième carrière à notre retour ; dans quelle direction ? nous verrons au fil de notre voyage ce que nous aurons envie d’écrire comme prochain chapitre.
Une préparation à la hauteur d’un grand voyage
On a géré les préparatifs du voyage à deux, chacun à notre rythme, dans des dimensions similaires et différentes tout à la fois. Il a tout de même fallu passer le pas, rester attentifs à un certain alignement des planètes. Nos parents ? Ils sont encore en bonne forme pour ne pas avoir besoin de nous autrement que pour le plaisir de se voir. Nos enfants ? Nous avons eu la joie de les accueillir tôt dans notre vie, alors à la vingtaine passée, plongés dans leurs études supérieures, ils sont devenus autonomes.
Les liens qui demeurent, même au bout du monde
Attention, autonomes ne signifie pas du tout indépendants, et les outils de communication modernes sont pour nous tous un moyen de vivre notre voyage de manière très douce, sans vraiment couper les ponts. Parfois les appels concernent une simple recette de cuisine (sourires) ; le plaisir de nous retrouver par téléphone ou en vidéo vient régulièrement apporter un énorme rayon de soleil supplémentaire, dans nos journées déjà très chouettes. Pour nous les outils informatiques sont nécessaires et plaisants, c’est notre sécurité, c’est notre « fil d’Ariane ». Et parfois ce lien devient paradoxal, puisqu’en offrant la possibilité d’être en relation permanente aux autres, on n’expérimente pas suffisamment la relation à soi, et on n’explore pas assez notre propre intériorité.
Le grand Sud va nous donner l’occasion de prendre ce recul. Au-delà d’Ushuaïa, nous serons seuls sur notre bateau, dans l’exploration de ce monde si peu fréquenté, à vivre entre terre et mer, entre ciel et vent, loin de tout.
La magie des traversées et des premiers horizons
Nous sommes partis en août 2018, après trois ans de préparatifs intensifs, entre achat du bateau, sa préparation technique (sécurité, confort à bord, outils de pilotage et de communication...) et la nôtre (navigation, permis hauturier, mécanique, électricité, autonomie médicale…) avec de belles échappées nautiques estivales histoire de tout tester, mettre à notre main, rencontrer, échanger, lire, apprendre, comparer les prévisions météo et la météo éprouvée sur le terrain… En ce domaine, et heureusement, les outils actuels sont très rassurants. Si nous avons déjà eu 50 nœuds au mouillage, nous n’avons jamais eu de gros temps, rarement plus de 35 nœuds en mer. Pourvu que cela dure… Car partir trois ans, sur les traces de Magellan, de la Méditerranée à la Nouvelle Calédonie en passant par le Cap Horn n’est pas anodin. Cela commence par descendre sur les Canaries puis le Cap Vert pour aborder la traversée de l’Atlantique, avec des nuits incroyables, magiques. Un Atlantique complètement différent de ce nous anticipions… nous avons vécu des calmes absolus, pendant lesquels la mer se faisait miroir, se confondant avec le ciel, nous offrant sérénité et plénitude. L’impression de faire le vide en soi, tout en faisant le plein de vie. Nous n’oublierons jamais ces bains au milieu de… rien, avec 5 000 mètres d’eau cristalline sous les pieds ! Quelques grains quand-même, magnifiques nuages roulant sur l’horizon, nous apportant ses seaux de pluie et ses gros courants d’air…
Puis l’arrivée sur un autre continent, la rencontre d’une culture tellement différente de la nôtre, nos déambulations dans les rues de Salvador de Bahia, notre escapade dans la jungle brésilienne, la découverte d’une Rio tellement bigarrée… avant de découvrir l’Uruguay puis l’Argentine. Que de souvenirs hauts en couleur !

Naviguer ensemble, réinventer le quotidien
Alors que nous naviguons le plus souvent tous les deux, pour notre première grande traversée nous avons embarqué deux équipiers totalement inconnus et avec qui, pour faire mentir l’adage, tout s’est parfaitement déroulé. Seul le rythme des quarts s’en est trouvé chamboulé, ou plutôt fixé. Car quand nous sommes tous les deux, flexibilité est le maître mot. En navigation nous avons vite recommencé à « nous croiser la nuit », une fois notre binôme reconstitué. Sans quarts fixes, chacun se repose quand il en ressent le besoin. Toujours en confiance, les sens et l’habitude font cependant que nous ne dormons jamais que d’une oreille. La moindre variation de gîte, de vitesse ou même de lumière, met immédiatement Hervé en alerte, et il rejoint bien souvent le pont, devançant une potentielle demande d’aide.
Le temps, ce luxe que la mer offre
Depuis notre départ le temps s’est comme distordu. Court et long à la fois. Les journées passent trop vite et certaines heures sont immensément longues. Trop courtes, les escales, les visites, les rencontres, les voyages vers l’intérieur. Étonamment longues sont les démarches dans chaque pays, la maintenance du bateau (c’est fou, il y a toujours un truc à faire sur ces voiliers !), la recherche de pièces, voire d’outillage. Heureusement, la bienveillance et l’entraide sont évidentes entre navigateurs partageant la même passion, et cela facilite beaucoup les choses quand on se retrouve dans des coins improbables, perdus au bout du monde. Nous sommes presque toujours les plus jeunes dans cette communauté peuplée principalement de retraités, et nous faisons de très belles et joyeuses rencontres. On parle tous le « même langage » et cela facilite grandement les relations. Délicieusement long est le temps des navigations, les moments entre nous. Nous apprenons à vivre ensemble 24/7, ce qui n’était jamais arrivé dans la ‘vraie vie’ en fait. À nous écouter, y compris dans nos silences, à ralentir notre rythme, à nous soutenir mutuellement dans les moments difficiles, à nous adapter aux besoins de l’un(e) et de l’autre. Nous progressons chaque jour un peu plus dans la patience et le lâcher prise. Un jour nous y arriverons, peut-être, vraiment, c’est sûr, on l’espère !

Le monde à portée de voiles, entre beauté et conscience
Le fait d’être en connexion directe avec notre environnement, proches de la nature, est à double tranchant. À la fois éminemment ressourçant et parfois désespérant quand nous constatons les dégradations que l’homme fait subir à la planète. À notre niveau, nous faisons le plus attention possible, conscients de n’être que de petits colibris tentant d’éteindre l’incendie de forêt avec des gouttes d’eau. Mais, conformément à la parabole, nous faisons notre part.
Au-delà de l’horizon, des myriades de possibles
En attendant, nous sommes bien conscients que ce temps que nous prenons est un cadeau inestimable que nous nous offrons. La terre reste magnifique, la nature et les gens merveilleux. Nous aurions eu bien tort d’attendre plus longtemps pour partir. Au-delà du détroit de Magellan nous attendent Ushuaïa, le Cap Horn qui nous tente aussi - nous verrons si les éléments nous permettront de le contourner - puis les canaux chiliens pour remonter jusqu’à Puerto Montt, avant de mettre cap plein ouest, pour espérer débarquer à l’île de Pâques. Puis, après de longues semaines de mer, les Gambiers, les Marquises, la Polynésie, Tonga, les Fidji, Vanuatu et enfin la Nouvelle Calédonie. Des myriades de délicieux moments à venir, à partager, à vivre. C’est notre programme et c’est le nom de notre beau voilier : Myriades.
EDIT - 14 février 2020 : Myriades a contourné le Cap Horn! Visitez le blog myriades.ch !



Du Herefordshire aux îles Samoa en Allures 45.9
Pourquoi êtes-vous partis autour du monde ?
« Naviguer autour du monde était depuis longtemps dans un coin de notre tête, sans vraiment avoir de plan bien défini. Pris par notre quotidien, entre le travail et la vie familiale, le temps est passé si vite. Malgré tout, ces dernières années, alors que les enfants gagnaient en autonomie, nous avons sillonné la façade Atlantique entre Irlande, Espagne, France et Ecosse sur ‘A Capella’, premier du nom, un quarante pieds en acier de 1995, acquis en 2010. Chaque été, nous partions un peu plus longtemps, jusqu’à 8 semaines sur la fin. A force de navigations, de rencontres en longues discussions, l’idée de parcourir le monde à la voile est devenue une évidence. Les circonstances l‘ont transformé en réalité. Les garçons ne voulant pas reprendre l’exploitation familiale du Herefordshire, soit nous continuions ad vitam aeternam ce que nous faisions depuis trente ans, soit nous relevions le challenge de changer de vie, de réaliser notre rêve. Nous nous sentions encore jeunes, étions en bonne santé, avec de solides économies, et la perspective de vivre le Brexit ne nous enthousiasmait pas vraiment, alors le timing était idéal pour renverser la table ! »

Naviguer autour du monde était depuis longtemps dans un coin de notre tête, sans vraiment avoir de plan bien défini.
Comment vous êtes-vous préparés pour ce long voyage ?
« S’en suivirent deux années plus intenses que nous n’aurions jamais pu l’imaginer, entre solde de notre vie précédente, planification, préparation, et organisation de notre future vie sur l’eau ! La mise à niveau de notre bon vieil ‘A Capella’ pour un tel voyage nous paraissant peu viable, nous décidâmes de commander un nouvel Allures 45.9, voilier de 14m à dériveur intégral, situé dans la gamme des voiliers 15 mètres. Ce sera ‘A Capella of Belfast’, livré en août 2017, juste à temps pour rejoindre le Rallye transatlantique organisé par Jimmy Cornell. Le timing était très serré, mais nous avons été accompagnés jusqu’au bout par toute l’équipe Allures. Mais une fois ancrés aux Canaries, alors que nous attendions la bonne fenêtre météo pour traverser l’Atlantique cette fois, nous nous sommes dit que nous avions définitivement fait le bon choix. Le voyage pouvait vraiment commencer et la transat s’est déroulée aussi tranquillement que confortablement. »
Quel est votre programme ?
« La première année, nous sommes restés en Atlantique, parcourant les Caraïbes bien sûr, puis les Bahamas, et remontant la côte Est des Etats-Unis. La plupart des navigations s’effectuent au portant dans du vent médium, et entre le code 0 d’origine et le spi asymétrique que nous avons ajouté, nous nous régalons vraiment sous voile. Cette saison nous parcourons le Pacifique, subjugués par les Galapagos, forcément sous le charme de la Polynésie, en route pour les Samoa et devrions atteindre la Nouvelle Zélande en novembre. »

Et comment se passe votre nouvelle vie ?
« Notre vie a radicalement changé, plus que nous ne l’imaginions sans doute, et chaque jour offre son lot de surprises. Nous sommes devenus des experts dans des domaines dont nous ignorions même l’existence il y a encore deux ans : navigation astrologique, pêche, matelotage et… Scrabble ! Le record du bord est de 756 points, grâce à notre règle spéciale, les termes nautiques comptent double ! Mais s’il y a bien une chose dont nous sommes sûrs et certains, c’est qu’à aucun moment nous ne regrettons notre choix ! Si nous ne sommes plus au travail dans le sens conventionnel du terme, nous ne sommes pas en vacances non plus. Nous sommes des navigateurs qui parcourent le monde. L’attention que nous portons à notre voilier, la météo, les démarches administratives en vue des prochaines escales ou avec l’Angleterre, nous occupent bien la moitié du temps, l’autre moitié étant consacrée à la découverte des pays que nous visitons. Que de belles rencontres depuis le départ ! Nous croisons des personnes d’horizons incroyablement variés, et nous sommes devenus très amis avec nombre d’entre elles. Ne serait-ce que chez les circumnavigateurs comme nous, il y a tellement de façons de tracer sa route. Chacun à son rythme, selon ses centres d’intérêt. Certains, comme nous, apprécient autant le voyage lui-même que la destination, et nous aimons changer d’endroits à un rythme raisonnable mais régulier. D’autres ne quittent pas une île sans l’avoir explorée dans les moindres détails. Ou d’autres encore sont à la recherche des meilleurs spots de plongée ou de kite surf, selon leur activité préférée. »
Quel bilan tirez-vous et quelles sont les perspectives à ce stade de votre voyage ?
« En deux ans, nous avons apporté quelques modifications au bateau et c’est un processus d’appropriation qui nous semble normal. ‘A Capella of Belfast’ s’adapte à nous comme nous nous adaptons à lui au fil du temps, et nous sommes vraiment complètement satisfaits de notre choix. C’est le dériveur intégral habitable parfait pour notre programme. Nous avons prévu de partir cinq ans, peut-être six. Initialement, nous envisagions éventuellement de pointer l’étrave dans des endroits assez reculés tels l’Antarctique. Mais nous devons avouer que la route plus traditionnelle que nous suivons aujourd’hui nous convient bien en termes de navigations et suffit, pour l’instant en tous cas, à notre soif de découvertes. Ensuite il sera temps de revenir à la maison, réaliser d’autres projets, tout en continuant à profiter du bateau, mais sur des destinations sans doute moins lointaines, comme la Baltique par exemple. »
En conclusion, quel est votre meilleur souvenir à ce jour ?
« Nous avons accumulé tellement de super souvenirs qu'il est difficile de choisir, mais traverser le canal de Panama et naviguer dans le Pacifique est vraiment très spécial. » Julian & Patricia

Consultez leur blog pour en découvrir plus


Un tour de l’Atlantique à bord de Chap’s
Préparatifs et premiers mouillages aux Canaries
« En novembre 2010, Chap’s quitte Bayonne pour une traversée de l’Atlantique. Un voyage qui débute par une première escale à Port Mogan, dans le sud de l’île de Grand Canaria, pour effectuer l’avitaillement de Chap’s avant de prendre le large vers la Guadeloupe.
Avis aux navigateurs, un petit diable est un merveilleux équipier lors de l’approvisionnement et ne prend que très peu de place à bord.
Situé à 55 miles, nous prenons la direction Tenerife dont le sommet culmine à 3 717 m. Une traversée appréciable, au portant, marquée par un somptueux coucher de soleil. Première nuit au mouillage au sud de Tenerife. Mer 24°C, Air 18°C la nuit et 26° la journée, une météo clémente qui nous permet de prendre notre premier bain.
Une escale intimiste à Hierro, l’île des origines
75 miles, c’est la distance que nous avons ensuite parcourue pour rejoindre Hierro, une petite île, la plus au sud-ouest des Canaries. Moins connue car moins touristique, et pourtant, Christophe Colomb est parti de cette île pour sa deuxième traversée. A l’époque, il s’agissait de l’île la plus à l’ouest du monde connu ! Nous commençons à prendre définitivement goût à la vie à bord : plus d’avion, plus de stress, la mer comme éternel recommencement, la mer qui rend humble et la mer qui se donne. Nous profitons de chaque instant.

Première grande traversée : des Canaries au Cap Vert
Ensuite, nous effectuons notre première grande traversée, soit 750 miles, entre les Canaries et le Cap Vert sous différentes conditions météorologiques : du calme plat aux 15 nœuds de vent et ce, aussi bien d’Est, de Nord et d’Ouest. Le rythme des quarts est assez rapide à prendre. Nous vivons avec le soleil, d’autant plus que juste après le coucher du soleil, il y a une période de noir total avec un ciel extraordinairement étoilé. Puis vers minuit, la lune se lève éclairant la mer et rendant la navigation hors du temps.
Vie en mer : quarts, étoiles et routines du large
Cette traversée de l’Atlantique nous convainc quant au choix de notre bateau. Chap’s est d’une fiabilité remarquable. La vie à bord : nous bricolons, optimisons et rangeons ce voilier qui nous permet ces longues navigations.
Cette traversée de l’Atlantique nous convainc quant au choix de notre bateau. Chap’s est d’une fiabilité remarquable.
Nous profitons pleinement de ces moments en menant une vie à bord remplie de diverses activités : bricolage, lecture, baignade et pêche.
Escales capverdiennes : Tarrafal, Mindelo et musiques du monde
Après 750 miles, nous rallions le Cap Vert avec une première escale sur l’île de Sao Nicolau, où nous mouillons à Porto de Tarrafal. Le sable noir des plages est très célèbre car riche en iode et en titane et reconnu pour ses qualités médicinales. Ensuite, nous partons à Mindelo, capitale de l’île de Sao Vicente, l’une des neuf îles principales du Cap Vert.
Nous rencontrons une population très attachante [...]. Les Cap Verdiens ont la musique dans le sang et le goût de la fête.
Ici, nous rencontrons une population très attachante et retrouvons quelques marins qui participent à la Transat des Iles du Soleil. Ils nous font découvrir les soirées de l’île hautes en couleurs et en musiques. Les Cap-Verdiens ont la musique dans le sang et le goût de la fête. L’ARC (Atlantic Rally for Cruisers) est également en escale par manque de vent. Cela donne des soirées très cosmopolites avec une vingtaine de nationalités différentes qui s‘essayent sans succès aux danses Cap-Verdiennes.

La traversée de l’Atlantique : 15 jours d’immersion absolue
2 350 miles, soit plus de 4 200 km sans voir la terre, c’est la distance que nous avons parcourue en 15 jours pour rejoindre l’autre côté de l’Atlantique. Nous avons parcouru un peu plus que la distance normale car nous avons été obligés de descendre plus au sud que prévu pour aller chercher un peu de vent et éviter une bulle sans aucun vent qui était sur le parcours direct.
2 350 miles, soit plus de 4 200 km sans voir la terre, c’est la distance que nous avons parcourue en 15 jours
L’Atlantique reste encore un espace de liberté et d’aventure : poissons volants, dauphins, baleines… une traversée hors du commun.

Chap’s, un compagnon de voyage au long cours
Ce que nous retenons de ces quelques jours, c’est d’abord que le temps reprend toute sa valeur. L’autre point qui nous a marqué, c’est la liberté totale que nous avons ressentie. Une expérience fantastique qui demande néanmoins un peu de préparation, un peu d’inconscience, de résistance, de patience, de philosophie, et surtout un bateau dans lequel on a confiance, que l’on surveille et que l’on écoute tout le temps…
Une liberté retrouvée, des projets plein l’horizon
Et le voyage de Chap’s ne s’arrête pas là ! Après 25 pays visités lors de ce tour de l’Atlantique, nous prévoyons de repartir pour un tour de la Méditerranée en 2020. A bientôt pour de prochaines aventures ! » Arnault et Marie-Laure Chaperon


Sodric, un tour du monde à deux !
Premiers bords vers l’Espagne et les Canaries
« Fin octobre 2012, Sodric quitte son port d’attache de La Rochelle pour un tour du monde de plusieurs années. Une épopée qui commence de la plus belle des manières, au portant, vers l’Espagne et les côtes de Galice. Une halte de quelques jours à La Corogne puis Baiona permet de régler les derniers détails de la vie à bord, avant de mettre le cap au large.Face à de mauvaises conditions météorologiques, Sodric fait escale à Cascais en attendant un temps plus clément. Le temps de découvrir Lisbonne, le majestueux estuaire du Tage, et nous pouvons faire à nouveau route directe, sans sourciller malgré des conditions encore difficiles vers Porto Santo, première étape Madérienne.
Nous prenons le temps de parcourir plusieurs îles de l’archipel avant de rejoindre Les Canaries où Sodric mouille dans la baie d’Abona, à Tenerife.
En route vers l’Afrique : Sénégal et Cap Vert
Après un retour à France pour les fêtes, nous poursuivons notre croisière début 2013 en direction du Sénégal. Escale mémorable, touchés par culture traditionnelle du pays, les multiples rencontres enrichissantes, dont des membres de Voiles sans frontières. Grâce à ces derniers, nous avons participé à une mission médicale solidaire. Une expérience hors du commun que nous ne sommes pas prêt d’oublier.
Ensuite, l’intention initiale était de rejoindre les Canaries depuis Dakar. Mais en raison d’une mer croisée de deux à trois mètres, d’un vent et de courant contraires, nous préférons faire route directe vers le Cap Vert et l’île de Sao Vincente. Un endroit aux paysages austères, mais rendu tellement chaleureux par ses habitants. Sodric y restera amarré tout l’été, alors que nous séjournons en France. Puis, nous avons repris la mer au début de l’automne avec comme objectif la visite de l’intégralité de l’archipel : une nature tantôt austère, tantôt luxuriante, pêche, volcan… avant la traversée vers les Antilles en fin d’année.
Traversée de l’Atlantique : cap sur les Antilles
2 185 miles, 16 jours et 14 heures de navigation, soit 5,5 nœuds en moyenne. C’est le temps qu’il nous a fallu pour rejoindre la Guadeloupe. Une transat pourrait juste se résumer à quelques chiffres mais, derrière cela, il y a avant tout le plaisir d'être en mer.
Durant ces longues traversées, être à l’écoute des messages que Sodric nous adresse est primordial : une voile qui bat, le pilote qui travaille trop, le départ au lof, sont autant de messages à prendre en considération.

Arrivé en Guadeloupe, après plus d'un an de navigation, Sodric avait bien besoin de quelques soins et la zone technique de la marina de Pointe à Pitre était la bienvenue pour un petit lifting : carénage, antifouling, remplacement des patins de dérive, dépose de l'éolienne … autant de travaux indispensables au parfait fonctionnement de notre petite maison sur l'eau. Le tout en une semaine seulement.
Escales caribéennes et retour en Guadeloupe
Nous avons ensuite pu largement profiter des eaux turquoise aux poissons multicolores, et de très belles randonnées sur des sentiers escarpés. Il faut dire que nous avions bien choisi notre moment, arrivés en plein carnaval des Abyme : un important rendez-vous, haut en couleurs. Nous sommes ensuite allés d’île en île de l’archipel des Caraïbes : Dominique, Martinique, Sainte-Lucie, les Grenadines, chacune avec sa personnalité, nous ont beaucoup donné. Après un retour en Guadeloupe pour passer les traditionnelles fêtes de fin d’année en famille, nous nous dirigeons vers Panama et passons le canal pour rejoindre la côte Pacifique, puis les mythiques Galapagos. Sodric est alors prêt pour sa plus longue traversée, 3000 milles soit 5500 km, vers la Polynésie.
Nous avons choisi de mettre le cap sur l'atoll des Gambiers avant de rejoindre les Marquises.

Cap vers le Pacifique : Panama, Galapagos et Polynésie
Après quatre mois passés en France, nous sommes retournés sur l'île de Tahiti où nous attendait patiemment Sodric, le temps réaliser des travaux et quelques balades. Il était désormais temps de penser à quitter la Polynésie Française qui, en un an et demi, nous a tant fait découvrir.
2017 : Nouvelle-Zélande et Nouvelle-Calédonie
Arriver en Nouvelle-Zélande, c'est comme atteindre un haut sommet en montagne. Et ce n'est pas seulement, parce que nous sommes exactement aux antipodes de la France. C’est surtout parce que ce pays de marins est celui qui symbolise sans doute le mieux l’idée que l’on se fait d’un grand voyage. Il faut traverser le plus grand océan du monde pour y parvenir, et la dernière étape, longue de 2 000 km, fait jongler les marins avec les systèmes météo, n'est pas des plus faciles.Nous sommes partis le 18 mai de Nouvelle-Zélande pour les Fidji et nous nous sommes retrouvés après 7 jours d'une traversée agitée…en Nouvelle-Calédonie ! C'est à la fois l'inconvénient et l'avantage du voyage en bateau : être tributaire de la météo, mais pouvoir vagabonder d'un pays à l'autre sans autre forme de contrainte que le temps qu'il fait.
2018 : Cap sur l’Australie et la Tasmanie
Nous avons choisi de faire notre entrée en Australie à Bundaberg. Venant de Nouvelle-Calédonie, cette ville, située au sud de la grande barrière de corail, est pour nous un bon point de départ pour notre prochaine navigation : descendre lentement le long de la côte Est pour nous rendre en Tasmanie. » Jean-Pierre et Isabelle Bobo
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